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Histoire d'un fleuve en Nouvelle-Zélande

Publié le par Nina

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Jane Mander : édition Actes Sud : 2002 / 462 pages

 

J'ai découvert ce roman grâce au blog de Anis dont l'article m'a vraiment donné envie de le lire.

 

Ce roman a influencé la réalisatrice du film "la leçon de piano". Si influence il y a, elle est vraiment lointaine. Ce roman est beaucoup moins manichéen que le film et c'est là toute sa différence.

La Nouvelle Zélande est un pays qui attirent les colons. Au XIXème siècle, Les anglais s'installent au milieu de cette nature sauvage, et se battent  pour rendre les terres viables. 

Les hommes sont occupés à construire, défricher, lutter pour dompter et civiliser cette nature.

La vie des femmes est la même que les hommes, avec en plus l'éducation de leurs enfants souvent nombreux et toute la vie domestique. 

 Le roman s'ouvre sur cette scène qui est aussi celle du film :

Alice vient rejoindre son mari Tom Roland avec ses filles et son piano. David Bruce est celui qui doit les mener à bon port. La lente remontée du fleuve au milieu de ce paysage à la fois luxuriant et sauvage permet de comprendre les difficultés de la nouvelle vie qui attend cette jeune femme belle et terriblement hautaine. 

C'est aussi la rencontre avec les personnages principaux de cette histoire :  Alice et David.

On va assister à un jeu de chassé-croisé entre ces deux écorchés vifs. Mais si David Bruce qui a été docteur dans une autre vie peut  analyser, expliquer et comprendre les différents maux dont souffre l'âme humaine quand elle a été traumatisée, Il sait que grâce à la parole on peut guérir.  Alice par contre, n'a pas trouvé d'autre solution que de s'enfermer dans un carcan de certitudes, c'est une femme silencieuse, hautaine et très puritaine.

Les femmes de cette époque sont muselées par des codes moraux que la société et la religion surveillent étroitement. Alors que se passe t'il quand une femme a défié ces codes ?

C'est tout le drame de la vie secrète d'Alice. Heureusement il y a David, l'ami, l'amoureux platonique, qui va essayer de faire tomber ce masque, de désincarcérer ce corps qui enferme Alice dans une profonde dépression. Il veut qu'elle parle, qu'elle dévoile son mal. Alice se rend compte de son "inexistence" dans la bataille acharnée de ce monde en construction. Ses enfants grandissent sans elle.  Asia, sa fille aînée, recherche la compagnie de David Bruce et de Mme Brayton une vieille dame moderne aux idées plutôt "féministes" et son mari aime ailleurs. Entourée de ce monde incroyablement vivant, Alice est malheureuse, malade et à contre-courant.

La vie des colons est rude, le combat est quotidien. Les règles et les conventions d'une société civilisée sont inapplicables ici. Pourtant, les hommes et les femmes qui vivent là ont de belles valeurs humaines basées sur le travail en communauté, l'entraide et le dévouement. C'est ce qui fait la force de cette poignée d'hommes qui est là pour la même cause : civiliser cette terre.

C'est au milieu de cette nature sauvage et de ces hommes rudes à la tâche qu' Alice va apprendre la richesse de la simplicité, l'importance de la parole et la beauté de l'amour. C'est auprès de sa fille Asia, de son mari et surtout de David Bruce qu'elle va se défaire du carcan qui enferme les femmes de sa génération.

Ce livre a été écrit en 1920, les idées qui se dégagent de ce roman sont très en avance sur leur temps.  elles montrent qu'il est primordial qu'un homme puisse discuter avec une femme de sujets importants comme la relation hommes / femmes, les dangers de la religion, la vie amoureuse et la vie de couple à une époque où ces discussions n'étaient pas envisageables.  

On comprend pourquoi ce livre fut si mal accueilli à sa sortie !

Voir l'article d'Anis sur ce sujet ICI

 

imagesUn paysage de Nouvelle-Zélande

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Sommeil

Publié le par Nina

 

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Cette nouvelle éditée aux éditions Belfond

a été une première fois éditée

dans le recueil de nouvelles "L'éléphant s'évapore"

Le titre original de Sommeil est "Nemuri"

ねむり

Ce livre contient de très belles illustrations bleues et argentées, réalisées par Kat Menschik. (jeune illustratrice allemande de bandes dessinées) Elles sont de plus magnifiées par la qualité de l'impression, sur un très beau papier glacé, ce qui donne à cet ouvrage une réelle originalité et une délicatesse, qui font que l'on prend un réel plaisir à le toucher, à le regarder et évidemment à le lire ! 

"Sommeil" est une nouvelle de 77 pages qui raconte l'histoire particulière d'une jeune femme dont la vie va être perturbée par un horrible cauchemar étrange et glauque. En se réveillant au milieu de la nuit trempée de sueur, elle se dit que peut-être, elle a été ensorcelée. Elle prend conscience que quelque chose a changé en elle et autour d'elle. C'est en voulant se rendormir, qu'elle va s'apercevoir de ce changement : elle ne peut plus dormir.

Pour l'aider à retrouver le sommeil, elle cherche dans la bibliothèque un livre à lire,  son choix se porte sur Anna karénine.

Mais le sommeil ne vient toujours pas, alors elle va réfléchir à sa vie, ses études littéraires, sa passion pour la lecture et son mariage. Depuis qu'elle est une femme mariée, elle ne lit plus, et phénomène étrange, elle s'est habituée à vivre sans livres.

Depuis qu'elle est insomniaque, une autre singularité l'interroge. Elle ne dort plus et pourtant elle n'est pas fatiguée. la jeune femme passent ses nuits à lire et relire Anna Karénine et à boire la boisson déclarée "interdite" dans sa vie de couple : de l'alcool. Elle s'interroge sur son rôle, sa place dans cette vie.

Dans le monde éveillé, celui de la réalité, la jeune femme effectue les tâches qui incombent à toutes les femmes au foyer. Elle reproduit les mêmes gestes à l'identique chaque matin. Son couple est modèle, son fils parfait. Tout est réglé comme du papier à musique. Monotone. Mais la nuit, son mari dort et elle peut faire tout ce qu'elle veut. Elle boit du cognac en lisant et sort en voiture. La nuit, son style de vie est à l'opposé de la journée. Une conduite impensable pour une femme de sa classe sociale.

Avec cette nouvelle, Murakami nous fait voyager dans les méandres de l'inconscient. Cette histoire est un peu à tiroirs. Chaque situation vécue par l'héroïne permet de réfléchir aux problèmes de communication dans le couple, à la difficulté d'être soi-même, à la peur d'être différent, à nos  places respectives dans notre famille et dans la société : place choisie ou imposée.

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Illustrations de Kat Menschik.

Publié dans Littérature japonaise

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Léonard de Vinci : le monde en clair obscur

Publié le par Nina

 

 

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Edition "le livre qui parle" lu par Françoise Barbe-Gall

L'auteur de "comment regarder un tableau"

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J'apprécie beaucoup Le rituel de "Babelio Masse critique" qui permet  de découvrir des oeuvres qui n'ont pas toujours leur place dans les médias culturels. Il y a environ 15 jours, j'ai reçu ce coffret contenant un cd illustré du tableau "la vierge aux rochers" et un livret de 4 pages qui présente les tableaux du peintre dont Françoise Barbe-Gall nous fait l'analyse.

On peut trouver une brève biographie de l'artiste à l'intérieur du coffret qui situe le peintre dans son époque. Il est né en 1470 et meurt en 1519. Les explications sont succinctes mais vont à l'essentiel. Il y a un passage sur l'incroyable curiosité de Léonard de Vinci qui en plus d'être un peintre extrêmement doué, avait aussi une foule d'activités des plus diverses : ingénieur, ordonnateur des tournois et des fêtes, décorateur, étudiant l'anatomie, la géologie, ou les lois de l'optique.

Le livret qui présente le choix des oeuvres commentées est malheureusement trop petit pour refléter vraiment la qualité des tableaux. Mais cela permet quand même de se rendre compte de la fascinante composition de chaque oeuvre dont Françoise Barbe-Gall décrypte et analyse toute la symbolique et l'histoire.  En écoutant ce cd c'est un peu comme si on assistait à une conférence sur Léonard de Vinci et non pas à une lecture d'un texte sur le peintre. C'est là tout l'intérêt de ce cd. Mais pourtant à l'inverse d'une conférence, j'ai trouvé difficile de suivre pendant une heure les explications de Françoise Barbe-Gall, dont la voix un peu monocorde devient ennuyeuse. C'est dommage car ce genre de support permet de vulgariser d'une façon intéressante l'art.

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Si vous voulez partir à la découverte de ce peintre génial qui a vraiment révolutionné l'art et a inspiré de nombreux artistes et écrivains, je vous invite à écouter ce cd qui nous propose une belle promenade dans l'univers de ce peintre, et de l'époque ou l'Italie était riche de ses découvertes artistiques.Malgré la qualité d'écoute, j'ai quand même apprécié ce voyage dans la renaissance italienne.

 

Françoise Barbe-GalleFrançoise Barbe-Gall est historienne d'art, diplomée de l'école de Louvre et de la Sorbonne. Elle a fondé l'association CORETA (comment regarder un tableau) au sein de laquelle elle anime de nombreuses conférences. Le site : http://www.coreta.org/

Elle a publié de nombreux ouvrages consacrés à son envie de faire partager sa passion pour la peinture.

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Je remercie les éditions "Le livre qui parle" et toute l'équipe de Babelio pour m'avoir fait découvrir ce coffret.

Publié dans Livre multimédia

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Les caprices de Miss Mary

Publié le par Nina

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Colleen McCullough / Edition Archi poche : 2011 : 471 pages

 

C'est une amie qui m'a prêté ce livre, et le thème du roman m'a vraiment étonnée !!! Se permettre d'écrire la suite de Orgueil et préjugés : mais pour qui se prend Colleen McCullough !!

Je suppose que d'écrire la suite de ce roman a été pour cette écrivaine, une possibilité de parler de ces destins de femmes, à une époque où le mariage était leur seul avenir possible. Colleen McCollugh titille d'ailleurs le fameux « happy end » qui termine le roman avec le mariage d' Elisabeth et Fitz Darcy. Elle donne une touche "réaliste" à cette histoire, en s'appuyant sur les conditions familiales et sociales qui opposent la famille Bennett à la famille Darcy. Et pour moi, c'est tout l'intérêt de ce livre.

 "Orgueil et Préjugés" est un chef d’œuvre de la littérature anglaise, mais j'ai trouvé la suite remarquablement bien écrite, avec un certain respect du style de Jane Austen.

Il est préférable d'avoir lu le roman « Orgueil et préjugés » ou vu le film pour lire ce roman.

Alors quel destin a bien pu imaginer Colleen McCollough pour ces cinq sœurs, 20 ans après ?

Et bien la vie n'est pas bien rose pour les filles Bennett. On le comprend vite en les voyant réunies pour les préparatifs de l'enterrement de leur mère. On retrouve les personnalités qui ont fait le charme du roman mais particulièrement griffées par la vie...

La belle Elisabeth a de très sérieux problèmes de couple avec son mari, l'orgueilleux Fitzwilliam Darcy avec qui elle a eu un garçon. Les problèmes décrits sont complètement plausibles, et font l'objet d'une bonne analyse si on réfléchit au contexte social de cette époque et aux différents familiaux évoqués dans le roman initial.

Lydia est devenue une pauvre femme dépendante de l'alcool. Jane est une femme fragilisée par ses nombreuses grossesses, dont la vie est monotone. Kitty est une arrogante veuve, très heureuse de son nouveau statut. Mary qui avait le rôle de gouvernante de sa mère est, à 37 ans, une femme célibataire et fantasque.

Même si on découvre peu à peu la vie des cinq sœurs, le roman est construit autour de la personnalité de Mary.

Mary a vécu seule auprès de sa mère, son unique occupation était la lecture. Cela lui a permis de se cultiver, et de réfléchir à sa condition de femme. Enfin libre, Mary veut réaliser ses rêves. Elle veut s'émanciper, a des projets de voyage, d'écriture et elle ne veut surtout pas suivre les directives de son beau-frère Fitz Darcy dont elle dépend financièrement, puisqu'elle n'a ni père ni mari.

Il faut souligner que comme le voulait l'époque, les filles Bennett ont été  soumises à "l'entail". Cette loi ne permettait pas aux femmes d'hériter « seules » des biens de leur famille, c'était donc un héritier mâle d'une autre branche de la famille qui s'octroyait l'héritage. En l'occurrence c'est leur demi-frère qui a récupéré les biens familiaux. Mary n'ayant pas de mari est pauvre, elle est à la charge de son beau-frère. 

Mary va jouer le rôle de détonateur. Son acharnement a vouloir vivre comme elle l'entend, va perturber l'ordre familial, basé uniquement sur la représentation d'une classe sociale, et surtout pas sur l’épanouissement personnel. Les aventures rocambolesques que va vivre Mary donnent des pages palpitantes qui ont « à mon avis » l'unique mérite de nous montrer la condition désastreuse des femmes et des enfants, mais aussi celle des hommes qui avaient eux « les pleins pouvoirs ».

J'ai commencé ce roman avec un réel à priori, qui s'est estompé au fur et à mesure de ma lecture. En fait,  J'ai bien aimé ce livre. L'idée est originale et de plus, ce roman apporte un éclairage intéressant sur la vie sociale et familiale, mais aussi politique de cette époque.

Et puis comme dans Orgueil et Préjugés il y a un bel HAPPY-END !!

A la demande de George et de Sharon, je remplis le questionnaire du challenge qui permet de mieux comprendre l'intertextualité de ce roman avec celui de Jane Austen et donc sa place dans le challenge.

  • La référence au roman/auteur/personnage apporte-t-elle réellement un intérêt au roman ?

    La référence au roman apporte un réel intérêt parce que si on n'a pas lu Orgueil et préjugés, on ne pourra pas comprendre le roman, surtout au commencement du livre.

  • Comment prend corps la référence au roman/auteur/personnage ? (est-ce juste un roman/auteur/personnage évoqué dans une conversation littéraire, ou le roman/auteur/personnage intervient-il dans le roman?)

    La référence au roman est total puisque l'auteur reprend exactement les personnages, les lieux, l'ambiance et le style du roman « Orgueil et préjugés " dont elle écrit la suite.

  • L’auteur d’influence est-il un personnage de l’intrigue ?  non

  • S’il s’agit d’un personnage d’influence, est-il rendu fidèlement ?

 

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Nina Berberova et Hubert Nyssen

Publié le par Nina

 

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Je publie cette chronique aujourd'hui 12 février, en hommage à Hubert Nyssen le fondateur d'Actes Sud qui nous a quittés le 12 novembre 2011. C'est  Denis, qui a eu cette belle idée : le 12 de chaque mois on peut publier un roman d'Actes Sud et ceci pendant un an, en souvenir de cet amoureux des livres et des écrivains.

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La littérature a elle aussi, ses grandes et petites histoires, ses anecdoctes, mais aussi ses "contes de fées".  En voici  un que j'aime particulièrement : la rencontre de Hubert Nyssen et Nina Berberova.

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Nina Berberova est née à Saint - Pétersbourg le 8 août 1901 et meurt le 26 septembre 1993 à Philadelphie. Elle fuira la révolution russe avec de nombreux intellectuels et choisit de s'installer à Paris en 1924. Nina Berberova fréquente le milieu intellectuel et littéraire parisien mais se verra refuser tous ses manuscrits, aucune maison d'édition ne veut éditer ses livres. La jeune écrivaine vivra dans une extrême pauvreté avant de s'exiler à nouveau. Nina Berberova en voudra toute sa vie à la France de ne pas avoir reconnue son talent d'écrivaine. Elle s'installe aux États Unis en 1950. Ce n'est qu'en 1984 que les français « découvre » l'écrivaine Nina Berberova grâce à une toute nouvelle maison d'édition qui a vu le jour en 1978. Son fondateur Hubert Nyssen mettra toute son énergie pour éditer et faire connaître l'oeuvre de Nina Berberova en France. Ainsi, La ligne éditoriale de Actes Sud s'affirme en publiant une littérature étrangère originale et de qualité.

Hubert Nyssen a été aussi l'héritier et l'exécuteur testamentaire de l'écrivaine.

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A la question qu'une journaliste de « livre Hebdo » pose à Hubert Nyssen : « Quels sont, à votre avis, les écrivains contemporains qui passeront à la postérité, y compris ceux de votre catalogue ? »  

Hubert Nyssen répond :

(...)Alors, avec le désir de ne pas vous désobliger par un refus à citation, je vous donnerai un nom, celui de Nina Berberova, ne serait-ce que pour réparer encore un peu l’inqualifiable quarantaine et l’impardonnable oubli dans lesquels le XXe siècle l’a tenue. Extrait des carnets de Hubert Nyssen.

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Une video intéressante : Hubert Nyssen parlant de Nina Berberova, sur le site de la BPI

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Publié dans Revue de presse

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Liberté conditionnelle

Publié le par Nina

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Lu dans le cadre du Challenge Dragon organisé par Catherine

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Editions Actes - Sud : collection Lettres japonaises

 2001 / 295 pages

 

Il y a des livres qui nous offre un véritable bonheur de lecture et je peux dire que ce roman en fait partie.

J'ai aimé l'extrême justesse avec laquelle l'auteur a aborder ce thème : la réinsertion sociale des criminels.  Comment raconter, expliquer, voir justifier un geste aussi fatal que celui de tuer. Akira Yoshimura nous emmène tout doucement, dans les méandres d'un esprit torturé par la jalousie et la vengeance, qui ne pourra jamais pardonner, ni s'excuser.  

Kikutani le héros de cette histoire va sortir en liberté conditionnelle, après 15 ans de prison alors qu'il est condamné à perpétuité. Il est pris en charge à sa sortie par un tuteur qui va l'aider à se réinsérer dans la société.

Kikutani a beaucoup de mal à retrouver une existence normale. Son passé le poursuit, le hante. Il sait qu'il ne pourra pas redevenir "l'homme d'avant". Le professeur de japonais dans un lycée de jeunes filles, un homme reconnu et respecté.  En 15 ans, le japon est devenu un pays extrêmement moderne. Il le savait par la télévision qu'il regardait dans sa cellule. Mais la réalité est beaucoup plus violente. Il va lui falloir beaucoup de temps et l'aide de ses tuteurs pour reprendre une existence indépendante.

Le livre est entièrement construit autour de la réinsertion sociale de Kikutani. Ce qui est très intéressant dans ce roman c'est que nous savons ce qui se passe dans sa tête,  ses angoisses, ses peurs, ses inquiétudes et surtout le souvenir de ses crimes. Ce passage à l'acte monstrueux qui a fait du petit professeur sans histoire, un criminel. On sait aussi que malgré les années de prison, il n'a pas pardonné à ceux qu'il a tués. Froid, déterminé, il ne regrette pas son geste. Alors même si Titukani comme pendant ses années de prison est un homme calme, discipliné qui semble avoir une vie exemplaire, le lecteur sait que ce n'est pas le cas. Il est toujours hanté par l'affront qu'il a subi. Kikutani a une personnalité attachante, ses tuteurs sont trop confiants, ils se rassurent même en trouvant des circonstances atténuantes à son crime et décident malgré lui d'accélérer sa réinsertion en lui proposant de se remarier........ 

Ce roman nous offre un regard réaliste presque glaçant de l'âme humaine, tout en nous proposant une promenade enrichissante à travers la société japonaise : le travail, les transports en commun, les repas, la condition féminine......

Un roman que l'on n'oublie pas, car ils nous concernent tous.

Extrait  de la page 172 :

Il lui semblait que quelque chose d'inconnu était tapi au fond de lui. Etait-ce ce qui avait produit la couleur rouge dont il avait été assailli ? C'était cette couleur éclatante qui l'avait poussé à tuer, il ne trouvait rien d'autre, et c'était impossible à expliquer logiquement à quelqu'un, dans la mesure où lui-même ne le comprenait pas. Tout etait vague, la seule chose certaine étant qu'il n'avait aucun regret, qu'il était même persuadé d'avoir accompli une bonne action. 

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Publié dans Littérature japonaise

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Miroir brisé

Publié le par Nina

Babelio ABC

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Mercè Rodoreda

Edition Autrement : 2011 / 338 pages

 

 

C'est sous la forme littéraire de la saga familiale, que l'auteure a choisi de nous raconter cette histoire.

On rentre dans ce roman lentement, les personnages se mettent en place doucement, c'est peut-être pour cela que j'ai eu envie de laisser ce roman ! En effet au début de ma lecture, je ne cernais  pas vraiment  l'intérêt de cette histoire. Mais l'ambiance surannée de cette époque,  le charme de Barcelone et la personnalité de l'héroïne Térésa m'ont donné envie de poursuivre ma lecture. J'ai eu raison d'insister. Peu à peu captivée par ce roman,  j'en ai découvert tout l'intérêt au fil des pages.

Ce roman n'a pas de repères chronologiques, on devine l'époque par des événements politiques comme le début de la guerre civile espagnole. Ce roman relate toute l'hypocrisie qui règne dans les classes sociales dites "supérieures". Et qui ne  sont "supérieures" que parce que l'argent leur permettent de tout acheter même les êtres humains.

Le sujet principal de ce livre est donc la puissance de l'argent.

Tout est beau chez les gens riches, leurs villas sont des chefs d’œuvre d'architecture, leurs vêtements et leurs bijoux des créations artistiques, leurs nourritures des mets exquis et leurs vies des romans. C'est un peu ce que pensent les gens qui habitent les quartiers pauvres, et c'est l'histoire de ce livre.

Le roman se découpe en 3 parties qui représentent les périodes les plus marquantes de la famille Valldaura. Les personnalités les plus importantes sont les femmes. La vie et le rôle des femmes dans ce milieu bourgeois décrit à travers cette famille.

Teresa est une très belle femme, elle habite un quartier pauvre, sa mère est poissonnière. Cette jeune femme va faire une fulgurante ascension sociale, tout simplement en se mariant deux fois. Une première fois avec un très vieux monsieur qui lui laisse à son décès une belle fortune. Teresa devient ainsi une veuve convoitée ! Une très belle et fortunée jeune  femme trouve facilement un mari. On oublie bien vite la façon dont elle a obtenu cette fortune !! La belle Teresa se marie de nouveau avec un homme riche et très influent : Salvador Valldaura.

Teresa a un passé, dans ce passé il y a un enfant nait d'un amour de jeunesse. Teresa apprend à mentir, à cacher, à ne pas dire. Le secret s'installe peu à peu dans cette famille.

Teresa va donner naissance à une fille Sofia. Beaucoup moins attirante que sa mère, elle sait pourtant que son argent va lui permettre de se marier facilement. Son futur mari est un homme qui est intéressé par sa fortune et qui a lui aussi un enfant caché. L'histoire se répète. Sofia l'apprend mais décide de garder le secret. Il ne faut surtout pas déranger l'ordre installé par sa mère et par des domestiques consciencieuses. D'ailleurs, ces jeunes servantes ne diront pas, elles non plus que "le jeune maître" des lieux, le mari de Sofia leur rend visite la nuit.

C'est le mal-être des enfants de  la troisième génération qui va faire craquer ce beau vernis. La richesse a perdu  sa force et son éclat. Violence, inceste, suicide, toutes ces manifestations de l'enfance en détresse vont faire effondrer le bel édifice construit à force d'argent et de silence. 

J'ai aimé la complexité de ce roman et le fait que Mercé Rodoreda  laisse ses personnages à notre réflexion. Chacun en refermant ce livre va donner une explication à cette histoire. selon ses inclinations :  Pragmatique, féministe,  psychologique........Ou ne pas l'aimer du tout comme Noukette

 

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La 4ème de couverture nous présente l'auteur : (1908-1983) Mercè Rodoreda est une  grande dame de la littérature catalane. Traduit en 29 langues. Elle a notamment publié en France "la place du diamant" (Gallimard, L'imaginaire, 2006)

Publié dans Littératue catalane

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Waterloo Necropolis

Publié le par Nina

Waterlo-Necropolis.gifMary Hooper : Editions Grandes Personnes / 336 pages : 2011

Littérature classée "ado"

 

Ce roman prend ses sources dans l'oeuvre de Charles Dickens, et se sert des ingrédients du style victorien pour nous raconter cette histoire. Mary Hooper invite même Charles Dickens à se promener dans son livre, c'est pour vous dire l'influence de l'auteur  dans ce roman.

Pourtant le style de  Mary Hooper est  résolument moderne. Il est clair et dynamique, mais sans jamais tomber dans la facilité. L'intérêt social et historique n'est  jamais perdu de vue ce qui donne à ses livres un sérieux indéniable. Ses romans ne peuvent pas être classés dans la "littérature facile"  pourtant on lit ses livres avec beaucoup  la facilité et un réel plaisir.   

L'histoire de ce roman se déroule en 1860. A cette époque, dans les quartiers pauvres de Londres, pour gagner sa vie, une foule de petits métiers permettaient aux plus humbles de survivre. La condition des enfants était horrible. Démunis, sans  défense, sans aucune éducation, ils étaient soumis à toute la perversité et la cupidité  des hommes.

Dans ces quartiers pauvres, vivent  deux jeunes soeurs orphelines, Grace et Lily  dont l'existence ne tient qu' à la vente chaque jour de bouquets de cresson. Un petit métier qui a complètement disparu de nos jours et qui demandait un travail considérable pour un salaire de misère. Pour survivre, Grace est aussi obligée de devenir "pleureuse". Un métier qu'elle juge morbide, pourtant très à la mode à cette époque. La pleureuse employée par l'entreprise de pompes funèbres devait, par sa présence habillée de noir et ses pleurs, prouver le malheur qu'inspirait la disparition de la personne morte. La pleureuse était exposée à tous les temps pour suivre le cercueil, de plus elle devait déduire de son maigre salaire son costume de pleureuse.

Tous ces petits métiers ont disparu. Ils permettaient uniquement de survivre, aucune perspective d'évolution sociale n'était possible. 

L' exploitation de la pauvreté est la toile de fond de ce roman. Mary Hooper nous démontre à quel point les enfants étaient les premières victimes de la misère sociale. Il était très facile aux adultes de se servir de cette fragilité dans une impunité totale. C'est ainsi que Grace et Lily sont les proies innocentes d'hommes cupides et démunis de toute humanité. Heureusement, elles vont aussi rencontrer des personne bienveillantes qui vont permettre à la justice de gagner. Un roman qui est avant tout positif malgré la noirceur de cette histoire.

Un roman qui m'a donné envie de lire des romans de Charles Dickens.

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Charles Dickens

Publié dans Littérature anglaise

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La messagère de l'au-delà

Publié le par Nina

Une découverte intéressante, que je recommande vivement !la-messagere-de-l-au-dela.gif

Mary Hooper / 238 pages : Edition Panama 2008

Littérature classée  "ADO"

 

La messagère de l'au-delà n'est pas une histoire fantastique comme le laisse entendre son titre. C'est même tout le contraire. Ce roman nous raconte, sous une forme romancée, la véritable histoire d'une jeune servante : Anne Green. Un des plus sombres fait divers de l'Angleterre du 17ème siècle. Cette jeune fille a été accusée d'infanticide avec préméditation pour avoir donné naissance à un enfant mort-né. Condamnée à mort par pendaison, Anne Green ne meurt pas mais tombe dans un état proche du coma.

Les faits que relate Mary Hooper, ne sont donc en rien irréels. Dans un style haletant, dynamique qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page, ce roman nous emmène dans une époque trouble, imprégnée d'obscurantisme religieux : l'Angleterre puritaine en 1650.  Le statut de servante à cette époque ne permettait pas de se rebeller contre les maîtres, de plus les hommes avaient tout pouvoir sur les femmes. Alors, quand la jeune Anne Green a avoué que le père de son bébé mort-né était le fils de ses maîtres, elle fut condamnée à mort, après un procès vite expédié.

Une histoire tragique, qui met en lumière un siècle qui ne pardonnait rien aux femmes, dont la vie était soumise à un code moral et social établi par les hommes et la religion. 

On trouve à la fin de l'ouvrage, une explication médicale et historique qui permet de comprendre cet étrange évènement.

L'avis de Clarabel et un autre  sur le blog d'Yspaddaden

Mary Hooper est née dans le sud-ouest de Londres, qui sert souvent de cadre à ses romans. La lecture de nouvelles la décide un jour à se lancer dans l'aventure de l'écriture et elle adresse un premier texte à une revue qui le retient pour publication. Mary Hooper n'a dès lors plus cessé d'écrire des romans, qui ont souvent une toile de fond historique. Elle est mariée et mère de deux enfants. (Source site Gallimard Jeunesse)

L'auteur Mary Hooper était présente au salon de Montreuil 2011. Actuellement seulement 5 romans sont traduits en français.

Le site de Mary Hooper ICI

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Publié dans Littérature anglaise

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Véronique Ovaldé et Laurent Mauvignier

Publié le par Nina

 

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Invités à la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges

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Vendredi 13 janvier, 19 heures. Brrrr !!! Il fait froid, il fait nuit. Envie de rentrer chez moi et bien non pas du tout  !!!  J'ai le sourire aux lèvres en passant les portes de la médiathèque de Limoges avec plus d'une centaine de personnes pour rencontrer Véronique Ovaldé et Laurent Mauvignier.

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Véronique Ovaldé et Laurent Mauvignier font partie d'une même génération d'écrivains, avec d'autres comme Claudie Gallay, Delphine de Vigan, Régis Jauffret.......Ils représentent "le haut du pavé" de la jeune littérature française.

 

Passages de Pages est une manifestation qui est organisée par La BFM de Limoges, elle a pour but d'inviter des écrivains à rencontrer des lecteurs.

 
Cette soirée était animée par Constance de Buor, journaliste à La Vie et Erwan Desplanques, journaliste à Télérama.

Après les présentations respectives des deux écrivains, les journalistes ont posé des questions sur leurs romans, leurs thèmes préférés, leur manière d'écrire, leur enfance, leur découverte de l'écriture, leur métier d'écrivain....Ils ont répondu avec beaucoup de sérieux mêlé d'un humour bien sympathique, ce qui a détendu l'atmosphère très rapidement.  

Véronique Ovaldé et Laurent Mauvignier aiment se déplacer pour rencontrer leurs lecteurs. Ils nous expliquent qu'écrire est une activité solitaire, un peu en marge, décalée de la vraie vie,  ils aiment aussi se rencontrer entre eux pour discuter de leur métier qui est "une corporation particulière". 

Voici quelques extraits des réponses que j'ai pu relever aux questions des journalistes. 

Véronique Ovaldé explique que la parution de son livre "Et mon coeur transparent" a annoncé le début d'un nouveau cycle d'écriture. Elle aime  particulièrement écrire des histoires de femmes victimes de violence sociale et conjugale et qui veulent se libérer d'une entrave. Elle égratigne souvent les pères et les hommes en général, mais nous affirme t'-elle avec le  sourire "il y a toujours de beaux portraits d'hommes dans mes livres comme le lieutenant Taïbo dans "des vies d'oiseaux". Elle dit : "j'écris de là où je sors".  "Le terreau  familial" de Véronique Ovaldé lui a permis de voir, d'analyser et d'écrire sur les femmes qu'elle a côtoyé.  

L'écriture permet de mettre en scène des femmes qui vont s'émanciper d'un système archaïque, qu'elles vont  transgresser pour s'émanciper. 

Mais, elle nous a fait remarquer, qu'écrire sur le statut des femmes, sur les mères, sur les filles est une sous - catégorie de la fiction.

  • J'aurais aimé que les journalistes s'arrêtent sur cette réflexion pour demander des explications sur ce constat qui m'a étonnée. 

Véronique Ovaldé aime situer ses personnages dans des pays indéfinis qui ressemblent à ceux du sud, elle aime faire ce "pas de côté "cette parenthèse". "Parler du quotidien mais dans un ailleurs, mélanger le burlesque avec le cruel et l'intime".

Elle nous a dévoilé sa petite habitude quand elle écrit  : elle marmonne ses phrases !  ça lui permet d'entendre leur sonorité. 

Laurent Mauvignier dont je n'ai pas encore lu de livres, aussi avant sa venue j'ai lu son roman "le lien" ce qui m'a permis de mieux comprendre l'entretien de l'écrivain avec les journalistes.

Laurent Mauvignier fait lui aussi, un pas de côté quand il écrit sur les femmes, ce qui lui permet de ne pas parler de sa propre personnalité.

Ses romans sont des monologues intérieurs. Comme pour Véronique Ovaldé le tempo de la voix est important pour la construction de ses phrases. Cette tonalité permet la lecture à voix haute mais Laurent Mauvignier préfère que l'on utilise le terme "vocalité" plutôt que "oralité" quand on parle de son style.

Laurent Mauvignier a lui aussi dévoilé un peu de son enfance. Il a grandi dans un milieu ouvrier où le livre n'avait pas une place importante.

  • J'ai relevé le fait que Laurent Mauvignier est devenu un écrivain, le jour ou il s'est débarassé de son envie de devenir ecrivain !!

Laurent Mauvignier est un écrivain du réel. Il regarde les gens dans les rues, au supermarché.... et prend des notes. Ses sujets préférés sont les faits divers ou politiques qui influencent le déroulement de nos sociétés.

Je vais conclure en parlant de la grande règle d'écriture de Véronique Ovaldé et Laurent Mauvignier que j'ai trouvé très très intéressante.

La grande rêgle de ces deux écrivains est de ne pas prendre la pente.

 Ne pas prendre cette fameuse pense veut dire :

  • Trouver le bon chemin pour écrire un sujet.

  • Ne pas écrire le même livre à chaque fois.

  • Ne pas devenir un produit qui sort chaque année à date fixe.

  • Ne pas se laisser aller à la facilité en écrivant pour faire plaisir à ses lecteurs.

  • L'écriture doit être une aventure.

  • Un écrivain écrit pour lui.

  • Un lecteur lit pour lui.

    A mon humble avis "de ne pas prendre LA PENTE" est la règle de vie des bons écrivains.  Je rajoute qu'en tant que lectrice, je pense que « la lecture d'un livre doit être pour nous aussi une aventure ».

Cette peur de prendre la pente est commune à beaucoup d'écrivains, mais certains la prennent allègrement !! 

Je remercie Véronique et Ovaldé et Laurent Mauvignier de nous avoir fait passer un si bon moment en leur compagnie. En plus d'être de très bons écrivains, ils sont vraiment très sympathiques.

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