Sunset Park
Actes Sud / 2011
Sunset Park est un roman social, il symbolise notre époque. Même si c'est de l'Amérique qu'il est question, il me semble que l'on peut retrouver ces problèmes de société dans tous les pays actuellement.
Le personnage principal "Miles" donne le ton d'entrée de jeu, il prend en photo les maisons vidées de leurs occupants à cause de la crise des subprimes. L'Amérique est en crise, l'argent est dans les mains des spéculateurs et on se débrouille comme on peut pour garder un peu diginité.
Crise du logement, crise de couple, crise familiale, crise sociale : le monde est en crise. Les personnages de ce roman se débattent, trouvent des idées pour vivre autrement. Paul Auster nous donne ainsi des exemples de vies dans ce pays où le rêve américain est devenu un cauchemar. Le roman prend de l'ampleur, quand Miles rencontre des problèmes graves dans sa vie, et s'en va rejoindre son ami Bing pour vivre dans un squatte avec Alice et Ellen. Cette maison abandonnée va leur donner un peu de temps pour refaire surface. Ces personnages sont en situation de repli, ils n'ont pas d'argent mais il ont aussi tous des failles, des traumatismes liés à leur passé. Ces secrets bien gardés au fond d'eux, montrent à quel point, ne pas montrer, ne pas dire les problèmes, par peur des réactions est bien plus destructeurs que d'en parler.
Paul Auster aborde tous les sujets sociaux qui traversent notre vie actuelle avec beaucoup de justesse : les projets professionnels qui deviennent compliqués à mettre en place, les études de plus en plus longues pour fuir le chômage, l'identité sexuelle, la vie de couple, le divorce, les familles recomposées......
J'ai par contre lu un peu en diagonale les pages qui parlent de Base-Ball ! Paul Auster rend hommage à la littérature et pour cela parle des écrivains tout le long de son roman, il fait aussi passer des messages d'alerte au sujet des petites maisons d'éditions qui ne peuvent plus prendre de risque comme avant pour éditer certains livres à faible tirage.
Paul Auster en profite aussi pour mettre en avant le P.E.N (ne pas confondre !) qui est un organisme qui prend la défense des écrivains emprisonnés qui n'ont plus le droit d'écrire et de publier. Je ne connaissais pas cet organisme, il mérite d'être un peu plus connu.
J'ai aimé cette histoire qui est une sorte de constat d'une époque qui se termine. Les personnages sont profondemment attachants, et j'ai vraiment apprécié le style, un vrai régal. Paul Auster alterne les points de vue des personnages ce qui donnent une vision plus élargie des situations évoquées. Il y a des effets de style un peu complexes et très littéraires qui sont un vrai bonheur ! Par contre à un moment, Paul Auster utilise le "tu" pour raconter, heureusement ce n'est que pendant quelques pages, je crois que je ne serais pas capable de lire un roman qui utilise le "tu" en permanence.
Je publie la chronique de ce roman aujourd'hui 12 décembre, en hommage à Hubert Nyssen le fondateur d'Actes Sud qui nous a quittés le 12 novembre 2011. C'est Denis, qui a eu cette belle idée : le 12 de chaque mois on peut publier un roman d'Actes Sud et ceci pendant un an en souvenir de cet amoureux des livres. .