La cote 400
Edition Les Alusifs / 2010 : 64 pages
Un matin, une bibliothécaire trouve un lecteur qui s'est laissé enfermer dans les locaux. Après quelques instants de stupéfaction, elle décide de le garder auprès d'elle jusqu'à l'ouverture au public. C'est presque une prise d'otage, car le jeune homme va devoir écouter les confessions de cette employée dépressive qui va lui raconter sa triste vie de bibliothécaire frustrée ! Tout y passe, les collègues, les architectes, les lecteurs, les écrivains, les éditeurs, les livres, le système de classement, la rentrée littéraire......
Alors d'abord ce métier : comment le choisit-on ? Comment devient-on bibliothécaire ? Et bien pour elle, c'est par défaut !!
J'aime mon métier. Bon je l'avoue, quand j'ai commencé mes études, je voulais être professeur mais j'a raté le concours. Maintenant, je suis là, ouvrière spécialisée, rangeuse de livres, petite main bip bip.....Je ne suis rien, rien du tout. (extrait de la page 18)
Cette bibliothécaire aime passionnément l'histoire mais sa grande frustration c'est d'être responsable du rayon géographie ! Elle ne peut donc s'empêcher tout en critiquant ses collègues du rayon histoire, de rappeler à son visiteur, l'histoire des bibliothèques, leur création et leur évolution. La révolution française qui a eu l'ambition de faire des bibliothèques publiques. Napoléon qui n'a jamais eu l'intention d'éduquer le peuple. La guerre de 14-18 qui a retardé le projet. Il a fallu attendre la fin de la guerre de 39-45 et la venue des américains pour se rendre compte de notre retard dans la construction des bibliothèques.
Une bibliothécaire frustrée, aigrie et isolée dans son sous-sol à un regard forcément très négatif sur son métier mais je suis quand même d'accord avec beaucoup d'analyses comme celle-ci :
(...) le pire, ce sont les livres-express, les livres d'actualité : sitôt commandés, sitôt écrits, sitôt imprimés, sitôt télévisés, sitôt achetés, sitôt retirés, sitôt pilonnés. les éditeurs devraient inscrire à côté la date de péremption, puisque ce sont des produits de consommation. (extrait de la page 39p.
Mon humble avis ! Je travaille dans une bibliothécaire alors forcément ce roman m'a interpellée, du coup je l'ai lu deux fois ! Je suis assez d'accord avec les analyses faites dans ce roman, les réflexions, l'évolution de ce métier qui sont très justes, mais dans cette histoire, la bibliothécaire est un peu névrosée, du coup elle ne voit que les aspects négatifs alors qu'il y a aussi beaucoup de positif dans ce métier et heureusement !
Ce roman parle des bibliothécaires mais tous les métiers ont leur revers de la médaille, avec dans chaque entreprise son petit lot d' employés aigris, négatifs, dépressifs, frustrés.....
J'ai beaucoup aimé le style incisif et l'humour de ce roman qui offre aussi un regard intéressant sur notre consommation de "produits culturels".
Ce livre est le premier roman de l'auteur, un roman très prometteur, une écrivaine à suivre.