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La dameuse

Publié le par Nina


Alina Reyes : Editions Zulma - 64 pages

Un village perdu dans  les  Pyrénées,  des habitants à la vie rude, simple et en harmonie avec une nature que l’on imagine belle et sauvage.

Au milieu de ces montagnes, tout semble serein, pourtant un drame a eu lieu au cœur de cette  blancheur immaculée et la vengeance obsède Marie-Rosella, une adolescente du village.

Marie Rosella s’est laissée séduire par Gilles, le cameraman d'une équipe venue faire un reportage, il l'invite à une petite fête où elle est violée. 

L'adolescente est obsédée par un désir de vengeance et apprend qu'elle attend un enfant. Elle cherche la confrontation avec son violeur, mais Gilles, n’a aucun état d’âme, il propose à Marie-Rosella  de se faire avorter, de l’argent et d’oublier cette « incartade » commise sous l'emprise de l’alcool.
Marie Rosella  décide de garder l’enfant et veut plus que jamais se venger, c’est pour elle le seul moyen de revenir à la vie. Avec l’aide de son ami Marto le conducteur de la dameuse, Marie Rosella va tendre un piège à ses deux violeurs qui sont venus négocier. La dameuse et la montagne vont devenir de redoutables instruments de vengeance. La neige gardera le secret et Marie Rosella retrouvera l'envie de vivre, son fiancé Baptiste et donnera naissance à son fils Jean-Loup.

Alina Reyes écrit habituellement des romans érotiques. Je dis « habituellement », car ce petit livre n’est pas érotique, c’est plutôt un roman noir, intense et violent.

J’ai lu beaucoup de critiques négatives au sujet de ce livre, dont son prix un peu excessif. Les éditions Zulma éditent des livres originaux et d'une  grande qualité littéraire, mais à tirage forcément limité, car c'est une petite maison d'édition. Ils n'ont pas, à la différence des grandes éditions, la possibilité de réduire leur coût en faisant des grands tirages.

Il faut soutenir les éditions Zulma, on a besoin d’un choix éditorial varié pour préserver une qualité  littéraire qui est déjà bien menacée.  Alors ne critiquont pas trop quelques euros en trop !

L'avis de Véronique qui habite dans les montagnes.

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Le testament des gouttes de pluie

Publié le par Nina

Einar Màr Gudmundsson
Edition Gaïa - 248 pages
traduit de l'islandais par Eric Boury

Ce roman a un titre et une couverture qui attirent le regard et m'a donnée envie de le lire !
Malheureusement on ne peut pas nier l’importance de la 1ère de couverture dans le choix d’un livre.

En contrepartie, j’ai eu  un peu de mal à rentrer dans ce livre !
L’ambiance un peu étrange, et une écriture très « typée » m’ont un peu déroutée. En lisant ce livre on se sent un peu étranger, un peu comme un  touriste qui débarque et qui n’a pas toutes les clés pour comprendre ce qu’il voit et ce qu’il entend !!

Des le début du roman, la pluie et l'orage donnent un ton un peu apocalyptique à cette histoire « au moment où le tonnerre et les éclairs explosent au-dessus de la ville obscure blottie dans le soir, on dirait que dans les airs retentit un concert d’innombrables instruments électriques ».

Alors que ce passe t-il dans cette "ville obscure" sous ce déluge de pluie ? Et bien pas grand-chose en fait ! Et c’est pour cela que les gens de cette ville transforment  leur quotidien en se racontant des histoires, et c’est peut-être là toute la magie du livre.

En effet de la magie il y a en partout : dans les paroles du sellier qui raconte des contes un peu abracadabrants aux pêcheurs, chez le pasteur qui veut éduquer ses ouailles, mais aussi dans le ciel car on peut y voir des chariots de feu tirés par des sirènes, on croise aussi des nains, des oiseaux géants, des bateaux-fantômes.
En fait, je me suis laissée prendre au jeu de l'auteur qui nous emmène dans son univers fantastique et un peu inquiétant.  

Ce livre m'a un peu fait penser aux livres de Jorn Riel.  la même façon de raconter des histoires de vies mêlées d'un peu de surnaturel et de beaucoup d'humour. 

Je pense que cet auteur est à lire avant de partir en Islande, ces livre peuvent être un bon complément à un guide de voyage, pour mieux comprendre l'esprit islandais.  

Pour tous ceux et celles qui veulent en savoir plus sur la littérature islandaise : le site du traducteur de ce livre Eric Boury est vraiment intéressant.
 

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Le printemps des poètes

Publié le par Nina

 


Un petit peu partout en France on fait de la poésie
du 2 au 15 mars,
cette belle initiative nationale m'a donnée envie de lire
ce livre de poèmes sur le désert,
pour continuer le voyage que j'ai commencé
avec "Gens des nuages",
le carnet de voyage de JMG Le Clézio. 
                                                                                                                         

                                                                                            
Ce très beau livre nous offre des poèmes de Abdellatif Laâbi,
illustrés par les magnifiques photos de Rose Marie Marque
aux Editions Marsam. 

Voici quelques extraits :


Ecoute et vois
Laisse ce que tu as appris



Elle en a vu des pays
La terre
Elle voyage sans billet
en nous



Regardez vos mains
regardez-les
Vous aussi
vous participez du mystère



O moitié d'homme, réjouis-roi
tu vivras, si tu ne l'as pas déjà vécu
un abrégé d'éternité



Quand je dis arabe
Quand je dis berbère
quand je dis Afrique
je veux resurgir entier
des forêts marécageuses des légendes



Je n'ai jamais cessé de marcher
vers mes racines d'hommes





Abdellatif Laâbi
Poète, dramatuge, romancier, Abdellatif Laâbi est né en 1942
à Fès dans une famille d'artisan traditionels.
aprés des études de français, notamment à Rabat,
il y enseigne jusqu'en 1972.
Il tentera à travers ses écrits, de dire l'homme dans sa vérité,
en prise avec les problèmes de la société marocaine d'aujourd'hui.


Un autre article pour parler de ce beau livre sur le blog de Soie

Publié dans Un peu de poésie

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Colette et la mode

Publié le par Nina


Aujourd'hui 8 mars
C'est la journée de la femme !
j'ai une pensée particulière
pour toutes ces grandes dames de l'écriture
qui ont eu le courage de vivre "leur vie"
George Sand, Colette,
Simone de Beauvoir, Françoise Sagan....

Tiens ça me donne envie de parler chiffon !!
avec Colette et Sonia Rykiel,
parce que la mode aussi a beaucoup influencé
l'évolution de la condition féminine.



Textes Colette
Dessins Sonia Rykiel
Edition Plume et Calmann Lévy - 1991

Ce livre est une présentation de la mode à l'époque et dans les romans de Colette. Sonia Rykiel s'est glissée très discrètement dans son univers pour mettre en valeur les textes et les photos de Colette par des dessins et des choix d’objets photographiés par Thierry Arditi. 


 

C'est Marguerite Boivin, la secrétaire générale adjointe de la Société des amis de Colette, qui a eu cette idée, elle nous confie ses impressions en préface.
De Sonia Rykel, je ne connaissais que le nom. Elle est apparue sur le petit écran et,
en  voyant ce visage triangulaire, ces cheveux mousseux,
j’ai été frappée par sa ressemblance avec Colette.
C’était presque Colette, l’accent bourguignon en moins. Elle devait aimer Colette.

C’était la femme qu’il me fallait, non pas pour illustrer des textes de Colette mais pour donner, elle, la créatrice de mode, la vision qu’elle pouvait avoir des personnages de l’œuvre de Colette.
Une lettre, l’enthousiasme de Sonia Rykel.  Elle fit ses premiers dessins pour Saint sauveur.
Elle continua pour le livre avec la même ferveur.

Elle avait travaillé de tout son cœur.

Merci Madame Rykiel.


Dans toute l’œuvre de Colette, des Claudine au Fanal Bleu, la déesse Mode est au rendez-vous. Avec une curiosité toujours en éveil, l’écrivain suit patiemment ce phénomène changeant, qui régit l’usage en matière de vêtement et de maquillage, et qui commande la coupe des cheveux, la forme des chaussures ou celle des chapeaux. Mais elle ne s’en tient pas à une description de chiffons et d’accessoires. Dépassant le domaine des apparences, elle s’engage à la découverte de la richesse de l’univers de la mode, qui renvoie à la manière de vivre, aux caractéristiques mouvantes d’une époque, et à l’esprit de celle-ci dans ses variations et évolutions.

Ainsi, dans l’art brillant du vêtement, elle découvre un guide privilégié qui lui fait comprendre plus intimement les milieux qu’elle fréquente, et qui la mène à la rencontre de valeurs complexes et souvent contradictoires : inconstance, artifice, ostentation, mais aussi protection, courage, défi. Au miroir de la toilette, parmi les reflets d’une actualité de plus de cinquante années, elle voit briller une image de la femme et d’elle-même qui l’aide à construire sa personnalité.

 

Colette vers 1906, à une époque où elle est écartée du Tout-Paris.

J’ai porté, naturellement, les « garçonneries » à une  époque où j’étais encore jeune. Elles m’avantageaient pas toujours. On parlait beaucoup de leur « côté pratique». L’ourlet rude de la jupe de tweed élimait, sur la jambe, le bas de soie, mais je préférais le beau bas de laine. (…) extait p. 183.

 
  

Colette nous parle de Coco Chanel :

Chanel

(tiré du roman Prisons et paradis)
On la dit fort riche. Par chance, elle n’a rien gardé, sur elle-même, du contagieux éclat de l’or, indiscrète lumière qu’exsudent les êtres faibles et comblés de biens. La voici piétée sur des matériaux bruts, entre des pilastres de jersey, des poutrelles de foulard imprimé, couchées. De longs drains de satin roulé chatoient, chaos de moellons élastiques dont l’éboulement ne s’accompagne d’aucun bruit. (…) extrait  page 104.


Portait de Gabrielle Canel
par Marie Laurencin, 1923.


Un dessin de Sonia Rykiel.

 

Ce livre nous donne un regard complet  sur toute la vie parisienne à l’époque de Colette.
Il y a la mode, mais aussi les conseils d’hygiène, des recettes de crèmes de beauté…..

Colette en profite aussi pour parler des petits métiers de la mode : couturière, coiffeuse, habilleuse. . ..toutes ces petites mains, ces travailleuses de l'ombre.  

Un beau livre à lire et à regarder.


 Sonia Rykiel et Colette
dans une recherche commune de l'écriture et de la mode.

c'est la journée  de la femme, nous sommes en 2009
mais plus que jamais il faut veiller au grain !!

Publié dans Colette

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Gens des nuages

Publié le par Nina

 





Jemia et J.M.G. Le Clézio
Photographies de Bruno Barbey
Edition Stock : 1997 - 118 pages

Ce livre est le carnet de voyage d'un « pèlerinage aux sources », il est magnifiquement illustré par le photographe Bruno Barbey. 

                            
On pourrait presque lire ce livre un peu comme un conte des mille et une nuits tellement cette histoire est extraordinaire : Une princesse prénommée Jemia part à la recherche de son royaume et de son peuple perdus avec l’aide de son prince Jean Marie Gustave.

Cette histoire est pourtant vraie, Jémia existe réellement, c’est la compagne de JMG le Clézio. L'histoire familiale de cette femme est un peu particulière, elle est issue d’une ethnie saharienne, ses grands parents ont vécu l’exode, des longs mois de marche  « (…) vers les plaines fertiles du nord, vers Taroudant, Marrakech, puis vers les grandes villes ou ils trouvaient de l’eau, du travail, des magasins. p.76 ».       


Pour ce couple, tout a commencé par un rêve devenu obsédant. Ensuite JMG Le Clézio a écrit son roman « Déserts »  pour donner une plus grande réalité à ce rêve,  et un jour il est devenu réalité :  Leur rêve était de remonter aux origines, revenir aux sources, faire le  chemin en sens inverse des grands-parents de Jémia et retrouver
la tribu de Jemia ; les "Ahel Mouzna" qui veut dire "Gens des nuages", ce peuple à la poursuite de la pluie.   

Vous êtes prêts pour l’aventure, alors montons dans la jeep auprès de ces deux grands voyageurs hors du commun !

On franchit d’abord les portes du désert, dans la vallée du Draa,  C’est par cette route que le couple nous emmène pour ce long périple en nous expliquant peu à peu la complexité des ethnies, des tribus, des différents peuples qui habitent le désert et leur douloureuse histoire peuplée de guerres, de révoltes et d’insurrections et leur lutte permanente contre les envahisseurs : français, espagnols, anglais, turc, chrétiens……..

Les noms des villes, des différents peuples et des ethnies, sonnent comme des noms magiques : La Hamada du Draa, le Gaa, L’Imrikli, d’Oued Noun, le Jbel Tiris, Smara, Les Aït Jmal, le peuple des chameaux......



Et puis le désert est là partout, terre aride et brûlante, sans vie aucune pour nous occidentaux, mais Jémia rêvait de ce paysage, « Ce pays qu’elle porte sans doute dans sa mémoire génétique. Jemia s’est tue toute cette journée : c’est son pays, le pays le plus ancien, et en même temps le plus jeune, une terre que l’âge des hommes n’a pas marquée p. 31 ».

JMG est heureux d’être là mais pour d’autres raisons, on connait les idées de cet « écrivain philosophe » qui a eu vite conscience des excés de nos civilisations occidentales. Pour lui ce voyage est initiatique, il vient chercher des réponses aux dérives des sociétés modernes.
 

"(...) Lorqu'on vient du désert (et de ce désert plus terrible encore qui est celui des villes modernes), on entre ici dans une aire de recueillement,  d'énergies. p. 51".

« (…)
Mais les grandes civilisations qui ont éclairé le monde ne sont pas nées au paradis ; Elles sont apparues dans les régions les plus inhospitalières de la planète, sous les climats les plus difficiles. P. 43 ».

Il y a deux points importants dans ce voyage :

La visite "du tombeau de Sidi Ahmed el Aroussi" qui est un grand moment d’émotion pour ces voyageurs. 


« Nous sommes entrés dans le tombeau. Nous avons poussé la porte de la grille qui l’entoure et sommes entrés. P.62. »

"Sidi Ahmed el Aroussi" est un homme qui a su unifier les nomades pour en faire un peuple équilibré vivant dans la simplicité, c’était un homme épris de justice autant pour les hommes que pour les femmes.  Beaucoup de légendes courent à son sujet, on pourrait le comparer à  Jésus.

Et la vue de "Tbeïla le rocher" ce lieu secret perdu dans le désert est un endroit de légende pieuse.
      
C'est là que les disciples de "Sidi Ahmed el Aroussi" sont venus, années après années jusqu'à la mort du prophète suivre son enseignement.

On s’enfonce de plus en plus dans ces régions désertiques, à la rencontre des gens qui y vivent, ils sont les derniers nomades de la terre.




Sans oublier les enfants du désert :
« (…) Mais ce sont les yeux des enfants qui sont les vrais trésors du désert. Des yeux brillants, clairs comme l’ambre, ou couleur d’anthracite dans des visages de cuivre sombre. P.76 ».

Le voyage continue, au rythme lent du désert, et devient peu à peu une véritable leçon de vie, de tolérance et d'humanisme au coeur de cette civilisation millénaire.

Ce livre date de 1997, les idées qui s'en dégagent sont pourtant de plus en plus actuelles et font echo aux problèmes graves que nous rencontrons dans nos métropoles surpeuplées : pollution, éducation, crise fiancière...
Ce livre m'a véritablement passionnée, j'ai aussi beaucoup appécié le style de JMG Le Clézio, la poésie et l'intelligence de sa pensée qui se dégagent de chaque phrase, la pertinence des mots.

J'ai aussi aimé la façon dont le couple raconte cette épopée. Ils emploient le "nous" puis à d'autres moments, Jemia parle de son mari, puis c'est JMG qui parle de sa femme, et de nouveau, ils utilisent un langage commun comme quand ils parlent de leurs filles au double héritage familial. 

 

Le désert : "(...) Un langage éternel, une perfection sans temps, une vérité sans corps. p.111"

D'autres lectrices de JMG Le Clézio : Lisa et l'article de Julien pour le roman Onitsha.

Publié dans Blogoclub

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