Palestine
Le destin de Cham, jeune soldat israélien va complètement basculer à cause de deux actes à priori banals. Il va perdre son portefeuille près du tombeau des patriarches puis en passant par hasard près d’un observatoire d’angle, il se voit contraint d’accepter une ronde de surveillance avec son adjudant Tzvi le long de la frontière de sécurité alors que c’est son premier jour de permission.
Un soir de surveillance comme tant d’autres dans les territoires occupés :
En limite d’horizon, au-delà d’une lame de ténèbres figurant la mer Morte, les brumes du soir noient la dentelle mauve des montagnes du Moab.
C - C'est bon, dit l’adjudant Tzvi. On rentre se dégoupiller une canette fraîche. (Extrait de Palestine p. 10)
Et c’est le drame : l’attaque surprise d’un commando palestinien. Tzi meurt sur le coup, Cham tombe blessé à la tête.
Cham se réveille dans une cave, c’est le trou noir, il ne se souvient plus de rien. Ses ravisseurs ne peuvent pas identifier leur otage n’ayant aucun papier d’identité sur lui, et le gouvernement israélien ignorait sa présence sur les lieux de l’attentat aussi il n’en parle pas. Cham est un homme qui n’existe plus. Ne sachant pas quoi en faire, ses ravisseurs décident de l’enterrer vivant dans un vieux cimetière. Il est sauvé in extremis par un vieux ferrailleur qui l’a hissé sur son âne et emmené chez une vieille veuve palestinienne : Asmahane.
Et c’est là que Cham l’israélien passe de l’autre coté du miroir. Asmahane est aveugle, elle croit que c’est son fils mort qui est revenu sous les traits de ce jeune homme blessé. Sa fille Falastin ne dément pas sa mère. Cham l’israélien amnésique va devenir Nessim le palestinien.
Le nouveau Nessim va vivre ou plutôt « endurer » le quotidien des palestiniens dans les territoires occupés : la peur en permanence, les contrôles d’identité incessants, les checkpoints, l’armée, l’humiliation, la difficulté de se déplacer, d’aller travailler, de se nourrir : de vivre tout simplement.
Ce roman se termine à la façon d’un conte oriental moderne : le choc de la vérité révélée fera de Cham un
héros au destin tragique.
Mon avis :
Le conflit israélo-palestinien est une horreur en soi. Hubert Haddad ne prend pas parti, il met en scène tout simplement des hommes et des femmes qui ne demandent qu’à vivre normalement, mais qui sont entrainés dans une guerre absurde que les pouvoirs politiques attisent sans relâche depuis trop longtemps pour que des solutions sereines aboutissent un jour.
Un roman de très grande qualité littéraire autant par l’écriture qui rend à merveille la description du conflit en
comparaison avec la beauté des paysages mais aussi par la pertinence de cette histoire qui donne à ce roman une dimension différente de ce que l’on peut voir et entendre sur ce
pays.
Un blog de reportage sur la Palestine très intéressant : ICI
L'avis de Sylire : ICI
Et celui de Yv : ICI