Le ventre de l'Atlantique
Fatou Diomé : Edition anne carrière / 2003 : 295 pages
"Le ventre de l'Atlantique" est le premier roman publié par Fatou Diomé. Le thème en est l'Afrique comme son dernier paru pendant la rentrée littéraire 2010 « celles qui attendent ».
Le cadre est aussi le même, l'île de Niodor au sud-ouest du Sénégal qui est le lieu de naissance de l'auteur.
Dans ce pays, si les coutumes ancestrales semblent immuables, la pauvreté transforme peu à peu la vie quotidienne des habitants, surtout depuis que la télévision a fait irruption dans les foyers de ceux qui ont choisi l'émigration, et reviennent avec un peu d'argent, ce qui permet de les croire riches. Devant le poste de télévision, la misère de l'Afrique s'oppose à la richesse de l'occident grâce à de simples images de publicité. « Les glaces, ces enfants n'en connaissent que les images. Elles restent pour eux une nourriture virtuelle, consommée uniquement là-bas, de l'autre coté de l'Atlantique, dans ce paradis, où ce petit charnu de la publicité a eu raison de naître » extrait de la page 21.
L'Europe devient en quelques annonces publicitaires, l'unique possibilité de sortir de la misère.
Pourquoi les émigrés, une fois revenus dans leur pays, ne disent-ils pas la vérité sur leur condition de vie en Europe : les foyers Sonacotra, la misère, le racisme, la solitude, le climat....
Un pays est-il en perdition lorsqu'il n'est plus capable d'éduquer ses enfants, de les protéger en leur expliquant la réalité des choses ? Ce sont des questions que l'on peut se poser en refermant ce livre.
Ce roman nous montre une Afrique manipulée par l'occident et qui devient manipulatrice par réaction. L'argent est devenu l'unique ascenseur social qui apporte à lui seul le pouvoir absolu. Alors qu'importe la manière de gagner de l'argent. Les menteurs et les hypocrites répandent la bonne parole, on les écoute, on les vénère : Il y a les immigrés qui rentrent de France et qui racontent que ce pays est un Eldorado, il y a les marabouts qui s'enrichissent en faisant croire que grâce à leur pouvoir, ils vont transformer la pauvreté en richesse, il y a les parents qui organisent en douce le mariage de leurs filles selon de savants calculs basés uniquement sur les gains que vont leur rapporter ces transactions, il y a les prospecteurs de joueurs de football qui proposent un avenir de dieu du stade à des adolescents rêveurs........
Dans ce monde de manipulateurs, il y a bien sur les innocents, ceux qui se laissent prendre dans les filets du mensonge et deviennent les victimes des ces horribles trafics. La fuite ou pire le suicide deviennent alors les seuls échappatoires.
L'Afrique est en perdition : c'est ce que nos analystes en géopolitique nous expliquent d'une façon rationnelle. "Le ventre de l'Atlantique" y rajoute de l'émotion en nous racontant ce désastre au cœur même des africains. Ce roman en parti autobiographique est un cri de désespoir devant autant d'irresponsabilités de part et d'autre de la mer.
Mon humble avis :
J'ai beaucoup aimé ce roman parce que Fatou Diomé a voulu nous donner un regard objectif de la situation de l'Afrique. Elle n'excuse pas, mais n'accuse pas non plus son pays. A travers différents portraits d'hommes et de femmes, elle raconte l'Afrique telle qu'elle est actuellement.
Alors lequel de ces deux romans j'ai préféré ?
Les critiques les plus positives sont plutôt pour "le ventre de l'Atlantique" et bien moi sans aucune hésitation, j'ai vraiment préféré "Celles qui attendent". Je le trouve beaucoup plus abouti, j'ai vraiment apprécié les personnages dont la construction de chaque personnalité est finnement élaborée, le style aussi est devenu plus épuré. De plus, Je trouve que l'emploi des périphrases est un peu excessif dans "le ventre de l'atlantique" elles ont tendance à alourdir le style.
Pour en savoir plus sur Fatou Diomé vous pouvez consuler sa biographie sur Wikipédia