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litterature francaise

Les Cenci

Publié le par Nina

 

 

Les Cenci

 

Edition de L'herne : collection Carnets

Avans-propos de François L'Yvonnet

2012 / 67 pages

L'avant-propos de François L'Yvonnet est un résumé de l'histoire tragique de la famille Cenci. Ces faits réels ont marqué et influencé beaucoup d'artistes dont Stendhal qui écrit cette nouvelle.

Dans une longue introduction, l'écrivain nous explique comment cette chronique judiciaire fut l'objet de bien des polémiques dans l’Italie du XVIème siècle. Stendhal nous fait part de ses réflexions sur l'image emblématique du Don Juan et écorche le mythe. Que ce soit le Don Juan de Molière ou bien celui de Mozart et bien d'autres encore, Stendhal dénonce toute l'hypocrisie de ces sociétés qui avec la complicité de l'église catholique acceptent que des hommes puissent avoir un "goût immodéré" des femmes sans pour autant les respecter. Il fallait bien entendu que ces « Don Juan » détiennent pouvoir et fortune. Avec un certain statut social tout était permis et les papes n'y trouvaient rien à redire.

François Cenci est un notable de sa ville, c'est aussi un Don Juan et le patriarche d'une grande et riche famille italienne. Avant ces faits tragiques, Personne ne sait à quel point cet homme règne en maître absolu sur sa femme et ses enfants. Les fils de François Cenci mènent une vie faite d'épreuves et de privations dû à la méchanceté et la perversité de leur père. Les enfants sont complètement soumis à sa folie qui gagne en atrocité chaque jour. Le pire des cauchemars est arrivé quand François Cenci tombe amoureux de sa très jeune fille Beatrix et décide d'en faire sa maîtresse. Il la soumet de force à son dictat.. La haine va gagner peu à peu le clan des Cenci qui va fomenter des complots pour tuer leur père.

A la mort de François Cenci, une enquête puis un procès aura lieu présidé par le pape Clément VIII. Le verdict de l'église annonce la fin tragique de cette histoire : le pape a décidé de faire l'impasse sur l'inceste commis sur la jeune Béatrix et ne retient que le parricide. La mère et la fille sont condamnées à la sentence suprême c'est à dire l'échafaud, et le jeune frère aux galères. 

 

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Sculpture de Harriet Hosmer représentant Béatrix Cenci (1857)

 

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le film du réalisateur Lucio Fulci tourné en 1969 raconte cette terrible histoire, il est disponible en DVD

 

Beaucoup d'écrivains comme Stendhal ont été influencé par cette tragédie : Shelley, Moravia, Dumas, Artaud...

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Si vous preniez de mes nouvelles : le démon d'Emma

Publié le par Nina

 

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Recueil de nouvelles : éditions Glyphe / 2012

L'Ivre p.11

Le corail noir p.27

Le démon d'Emma p.47

Le foulard p.121

Mortes à venise p.141

Ce recueil de nouvelles a reçu le prix "Cesare Pavese 2011.

 

"Le démon d'Emma" est une nouvelle influencée par le roman de Gustave Flaubert : "Madame Bovary".

J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle qui offre un angle intéressant à l'intertextualité.

En effet, l'auteur met en scène Gustave Flaubert au prise avec sa célèbre héroïne : Emma Bovary.

L'histoire :

Il est 18 heures, la nuit tombe sur le hameau de Croisset situé dans la campagne de Rouen. Dans une maison au bord de la Seine, Gustave Flaubert est en train d'écrire un des plus grands chefs d'oeuvre de la littérature française mais ça il ne le sait pas encore. Pour le moment, il travaille avec peine, son Emma Bovary doit mourir. Il en a décidé ainsi. Le feu crépite dans la cheminée, Félicité sa célèbre servante prépare le souper pendant que l'écrivain fini d'écrire le passage qui va clore le destin de son héroïne : Emma vient de plonger sa main dans le bocal d'arsenic et d'en avaler une poignée. Soudain, il se passe quelque chose d'étrange dans le salon, Gustave Flaubert ne se sent pas très bien quand tout à coup, une voix surgit de nulle part et lui dit  "vous ne vous en sortirez pas comme ça". Gustave Flaubert pense qu'il est victime de la fatigue et de l'abus absinthe. la voix reprend de nouveau et se présente à son créateur : "c'est moi, Emma". Une discussion va s'engager entre Gustave Flaubert et son héroïne qui n'a pas envie de mourir.

Gustave Flaubert ne s'attendait pas à  pareil chose : la révolte de son héroïne !

Marc Magro décrit avec beaucoup d'originalité et d'humour un écrivain au prise avec son roman et ses personnages. On sait que le pouvoir de la création peut conduire à la folie et cette nouvelle met en scène un écrivain dont l'oeuvre devient diabolique, incontrôlable.   

Marc Magro a étudié en détail le roman et la vie de Gustave Flaubert, c'est peut-être ce qui lui a donné envie d'écrire cette histoire, parce que l'on apprend en lisant ce livre, tous les problèmes engendrés par la parution de Madame Bovary. Gustave Flaubert a été mise en procès et la lecture de son roman interdite par l'église.

A la demande de George et de Sharon, je remplis le questionnaire du challenge qui permet de mieux comprendre l'intertextualité de ce roman avec celui de Gustave Flaubert et donc sa place dans le challenge.

  • La référence au roman/auteur/personnage apporte-t-elle réellement un intérêt au roman ?

      Oui elle apporte un intérêt essentiel au roman, qui n'aurait pas lieu d'être sans cette référence. 

  • Comment prend corps la référence au roman/auteur/personnage ? (est-ce juste un roman/auteur/personnage évoqué dans une conversation littéraire, ou le roman/auteur/personnage intervient-il dans le roman?)

    La référence à Madame Bovary est dans la nouvelle, parce que Gustave Flaubert dans cette nouvelle est le personnage principal qui est en train d'écrire le roman "Madame Bovary", de plus Emma qui est le personnage principal du roman devient aussi un personnage dans la nouvelle de Marc magro, car elle parle et se révolte contre Gustave Flaubert.

  • L’auteur d’influence est-il un personnage de l’intrigue ?  oui

  • S’il s’agit d’un personnage d’influence, est-il rendu fidèlement ?

       Oui Gustave Flaubert est rendu fidèlement. On retrouve des détails qui font référence à son œuvre et à sa  biographie et au procès dont il a été victime à la parution de son livre. 

 

J'ai découvert ce livre au salon du livre de Limoges.

Photo0937.jpgC'est le challenge "romans sous influence" qui m'a permis de rencontrer cet auteur et de pouvoir discuter avec lui. J'ai noté aussi sa série influencée par Jules Verne.

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Lettre à Zohra D.

Publié le par Nina

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coeur-20_9_.gifEdition Flammarion : 102 pages / 2012

 

Il y a des livres dont on se souvient toute sa vie, parce qu'ils sont porteurs d'une émotion particulière, parce qu'ils témoignent d'un fait réel inacceptable qui nous concerne tous. Ces livres marquent à jamais notre conscience. Ils sont là pour nous rappeler la violence des hommes.

Lettre à Zohra D. fait partie des livres que je n'oublierais jamais, comme le journal d'Anne Franck. Ces deux livres donnent la parole aux victimes innocentes de la guerre : les enfants.

Zohra Drif est la terroriste algérienne qui a posé une bombe à Alger dans le Milk bar le 30 septembre 1956. Danielle Michel-Chich alors âgée de 5 ans est dans ce bar en compagnie de sa grand-mère pour y déguster une glace. La bombe explose et la vie de cette petite fille ne sera plus jamais la même. L'enfant perd sa jambe gauche et sa grand-mère.

Danielle maintenant âgée de 60 ans décide d'écrire à Zohra une longue lettre.

Pour moi, la route a été longue, parfois tortueuse, en tout cas intense. Pour courir sans tomber, sans se cogner la tête, il vaut mieux éviter de regarder en arrière et aller de l'avant. Ce que j'ai toujours fait. Aujourd'hui, j'ai décidé de raconter ce j'ai fait de ce que vous m'avez fait.

Vous êtes madame la destinataire de cette lettre. (Extrait de la page 12).

Cette lettre est une véritable leçon de vie parce que Danielle Michel-Chich n'a jamais voulu se considérer comme une victime et a appris à vivre avec une prothèse pour remplacer sa jambe gauche, sans se plaindre.

Danielle Michel-Chich explique qu'elle a été triplement victime : elle a perdu sa grand-mère et sa jambe et ses parents vivent difficilement cette épreuve, elle fait en sorte de ne pas leur infliger de douleur supplémentaire  en se plaignant. 

Cette lettre s'adresse à Zohra Drif sans jamais l'accuser. Cette femme avait des raisons de ne pas être d'accord avec la politique en place et l'occupation de son pays par les français. Danièle Michel-Chif raconte à cette femme comment cette bombe a transformé sa vie et sa lutte quotidienne pour mener malgré tout une vie normale. Elle raconte avec beaucoup d'humour la difficulté de grandir comme les autres enfants de son âge, avec ce corps déséquilibré qui lui occasionne de nombreuses chutes et des factures multiples. Accepter d'avoir un corps différent c'est  aussi être différente par l'habillement. A son époque, toutes les filles sont en jupe, elle est la seule à porter des pantalons pour cacher sa prothèse. Elle explique la difficulté de grandir sous le regard apitoyé de son entourage. Cette jambe manquante est en permanence présente pour lui rappeler cette horrible journée et la mort de sa grand-mère, ce qui l'amène à penser systématiquement à Zohra Drif.

Une lettre poignante, qui permet de voir à quel point Danièle Michel-Chif a réfléchi, travaillé sur elle, sur ses émotions, son ressenti, pour nous transmettre une réflexion aussi fine et intelligente de cette douloureuse expérience. Cette lettre est un plaidoyer pour la paix et la non-violence. On sort grandi de cette lecture. Cette lettre suffit à expliquer la folie des hommes. Ce livre devrait être lu et étudié dans tous les collèges et lycées au même titre que "le journal d'Anne Franck".

Je remercie Christian Sauvage et les Editions Flammarion pour l'envoi de ce livre. Je félicite Danièle Michel-Chif pour avoir eu le courage de publier cette lettre, car nous dit-elle, ce fut une véritable épreuve de l'écrire.

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Dans les années 1950 et 1960 les pantalons étaient réservés aux garçons. Les petites filles étaient en robe, ce qui les obligeait à se tenir comme des petites filles. Cette tenue me mettait dans une case unique, celle de la fille pas comme les autres qu'il fallait traiter comme les autres. (extrait de la page 32)

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Mademoiselle Bovary

Publié le par Nina

 

Bovary

Edition Actes Sud : 70 pages /1991

Roman influencé par : Emma Bovary de Gustave Flaubert

Un roman jubilatoire !

On peut souligner que ces 70 pages ont demandé à l'auteur une lecture approfondie du roman « Madame Bovary » mais aussi de la biographie de Gustave Flaubert.

Mademoiselle Bovary c'est Berthe, la fille d'Emma Bovary. Ce livre raconte son histoire après la mort de ses parents.

Berthe est maintenant une pauvre orpheline, elle travaille dans une filature de coton et dort dans une mansarde.

Un jour, elle a la visite de Napoléon Homais le fils du pharmacien du village de son d'enfance. Il lui remet un livre écrit par un certain Flaubert : Madame Bovary.

Après la lecture de ce roman, le choc fut si grand que Berthe resta clouée au lit avec une forte fièvre. Comment se fait-il que ce M. Flaubert écrive cela ? Comment a-t-il connu l'histoire de sa famille, et de surcroit  avoir le toupet d'en faire un roman ?

L'originalité de ce roman, c'est d'avoir transformé une œuvre fictive en fait réel. l’intérêt littéraire c'est aussi que Raymond Jean a extrait le personnage de Berthe qui est très secondaire "mais qui a son importance de par son statut de fille d'Emma" pour en faire l'héroïne principale de son roman, où Gustave Flaubert est devenu un personnage : celui de l'écrivain. 

En seulement 70 pages, Raymond Jean nous brosse le tableau d'une époque où la morale religieuse est dominante. La protection sociale, ce sont les religieux qui s'occupent des orphelins et des familles pauvres. Berthe est donc sous leur protection et quand, deux de leurs représentants viennent la chercher chez Gustave Flaubert où elle séjourne, on peut voir à quel point l'histoire de sa mère a posé l'opprobre sur sa propre vie. De plus, l'attitude de Gustave Flaubert n'étant  pas du tout honorable avec la jeune fille, Berthe qui est une victime dans le roman de Gustave Flaubert, l'est aussi dans le roman de Raymond Jean. C'est bien analysé.....

J'ai aimé aussi les clins d’œil à d'autres personnages que l'on trouve dans l’œuvre de Gustave Flaubert. L'écrivain, quand il reçoit Berthe, est en train d'écrire « Un cœur simple » un roman qui rend hommage à sa servante Félicité et son perroquet Loulou. Gustave Flaubert raconte aussi sa tristesse depuis le décès de sa grande amie George Sand. Le roman se passe donc en 1877.

 

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Des vies d'oiseaux

Publié le par Nina

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Editions de L'olivier : 2011

 

Il y a deux genres de vies pour les oiseaux. Ceux qui vivent dans des cages, complètement à l'abri du besoin. Leur existence est prisonnière de celui qui ouvre et ferme la cage. Et puis, il y a les autres, ceux qui volent de leurs propres ailes, ceux qui vivent libres. Ces oiseaux là, ont une vie beaucoup plus riche, plus excitante mais elle est aussi pleine de dangers.
« Des vies d'oiseaux », une métaphore qui illustre parfaitement  ce roman, où Véronique Ovaldé raconte la vie de certaines femmes qui ressemble à des oiseaux en cage.

Dans un pays qui pourrait être en Amérique du Sud, parce que les pauvres y sont presque indigents et les riches fortunés à l'extrême. Dans ce pays, pas de commune mesure, le bonheur se situe dans les belles villas sur les hauteurs et non pas dans la fange des bas-quartiers. Le bonheur n'est qu'une question d'argent. La belle Vida, fille des bas-quartiers, en était certaine que l'argent était le symbole du bonheur, quand elle s'est mariée avec un homme des quartiers d'en haut.
La violence des quartiers pauvres, Vida l'a vécu dés sa petite enfance, mais elle ne savait pas qu'elle allait en vivre une autre, tout aussi destructrice. Cette violence là, ne se voit pas, ne laisse pas de marque sur la peau. Vida passe ses journées dans sa prison dorée, une luxueuse villa dont les vitres ne peuvent s'ouvrir sur le jardin à cause de la climatisation. Les années passent, tristes et mornes et sa fille Paloma n'est plus l'enfant qui donnait un sens à sa vie mais une adolescente qui étouffe dans cet univers suffocant. Paloma ne supporte plus ni son père ni cette mère qui n'est qu'une belle potiche anxieuse de ne pas être à la hauteur des amis de son mari  et qui supporte sans rien dire ses exigences.
Alors quand Paloma s'enfuit avec leur jeune jardinier et qu'un policier vient sonner à la porte de la villa, c'est tout l'existence de Vida enfermée dans sa belle maison qui vole en éclat, pour peut-être  donner un véritable sens à sa vie et laisser les faux-semblants derrière elle. 
Après « Ce que je sais de Vera Candida », j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir ce même style dans « des vies d'oiseaux » qui caractérise l'écriture de Véronique Ovaldé. L'écrivaine aborde des sujets graves, celui des femmes, de la violence, de la pauvreté... racontés sous la forme de la fable, avec un certain humour ce qui permet à ses héroïnes de choisir le chemin de la liberté en faisant un pied de nez à leur bourreau. 

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Véronique Ovaldé a répondu aux questions posées par  Amanda sur son livre "des vies d'oiseaux" à lire ICI

Clara a elle aussi beaucoup aimé ce livre sa critique ICI

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Du domaine des murmures

Publié le par Nina

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coeur_72.gifCarole Martinez : éditions Gallimard / 2011 - 200 pages

 

Prix Goncourt des lycéens 2011

 

Quand la nouvelle est tombée cet après-midi, j'ai sauté de joie. Ce roman n'a pas eu le Goncourt mais il a eu mieux le Prix Goncourt des lycéens. Plaire à des adolescents n'est pas chose facile. J'ai discuté avec certains qui participaient au jury et ils n'étaient pas du tout emballés par certains titres, mais "Du domaine des murmures" n'a pas eu droit à son lot de grimaces, alors je me suis dit en mon for intérieur que peut-être.........

Et bien je remercie les adolescents du jury du Prix Goncourt des lycéens pour ce choix.

J'ai terminé le roman ce matin et je dois dire que ce roman nous emporte avec dextérité dans les dédales complexes d'un Moyen-Age mystique et dangereux.

Carole Martinez nous raconte que si on se promène près de l'ancien château du domaine des Murmures dans la vallée de la Loue, il se peut que l'on voit :

Quelques glaives lumineux zèbrent d'or les sous-bois comme dans les enluminures d'un vieux livres de contes" (Extrait page 13)

Et que l'on entende :

"Non, ce lieu est tissé de murmures, de filets de voix entrelacées et si vieilles qu'il faut tendre l'oreille pour les percevoir. De mots jamais inscrits, mais noués les uns aux autres et qui s'étirent en un chuintement doux".

"Les voix liquides des femmes oubliées qui suintent autour de nous" (Extrait de la page 13)

A la manière d'un conte, Carole Martinez nous raconte l'histoire d'une belle jeune fille de 15 ans qui habite un beau château et qui va se marier avec son prince charmant. Non, elle ne nous raconte pas cette histoire là, c'est celle que l'on raconte aux petites filles. A nous, elle  raconte la même histoire mais d'une autre manière. C'est l'histoire d'une jeune fille qui va se marier sur les ordres de son père à un rustre chevalier qui passe son temps à l'art de la guerre et quand l'envie lui prend, viole en toute impunité, les filles qui croisent son chemin.

Cette jeune fille s'appelle Esclarmonde, elle a décidé de dire non aux dictats imposés par son père et par toute une société. Alors comment dire non quand on est une femme ? comment échapper à sa destinée quand on vit à une époque où les femmes n'ont aucun droit. Et bien, il existe un seul échappatoire : le Christ.

Christ était puissant dans l'esprit des femmes de mon époque. Christ seul pouvait tenir les hommes en échec et leur arracher une vierge. (Extrait de la page 25)

Esclarmonde choisit de devenir une recluse, de finir ses jours emmurée. Après avoir assisté à son enterrement, la jeune fille ne fait plus partie du monde des vivants. Sa nouvelle vie sera consacrée à la prière, et à faire le lien entre Dieu et les hommes.

Je n'en dirais pas plus sur cette histoire qui est pleine de rebondissements, et d'inattendus.

Ces recluses ont réellement existé au Moyen-Age. C'étaient des femmes fortement mystiques et exaltées qui  s'emmuraient volontairement et à vie. Mais c'était aussi des femmes qui voulaient échapper au mariage. Ce choix était considéré comme héroïque et équivalait à la chevalerie au féminin, elles faisaient l'objet d'une grande vénération. Ce mode de vie a quand même duré 10 siècles, il a pris fin au XVIIème siècle.(lu sur différents sites Internet)

Carole Martinez nous offre avec ce roman une plongée dans le Moyen-Age mystique et religieux qui faisait régner la peur dans le seul but d' asservir le peuple et de maintenir leur pouvoir. Ce qui m'a beaucoup amusée ce sont les passages sur les trafics d'ossements de saints et de reliques en tout genre. Nous n'avons pas inventé les produits dérivés, au Moyen-Age, ils étaient déjà très forts pour ce commerce facile et très lucratif !

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Une photo de la vallée de la Loue, le décor du roman.

 
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L'insomnie des étoiles

Publié le par Nina

 

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Edition Gallimard / 2010 : 225 pages

Prix du Roman Historique des Rendez-vous de l'Histoire de Blois 2011

 

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Marc Dugain était chef d'entreprise, il a laissé son métier pour se consacrer à la littérature et je crois qu'il a eu entièrement raison. Je découvre cet auteur et vraiment quelle merveille !

« L'insomnie des étoiles » traite d'un sujet maintes fois abordé en littérature, la deuxième guerre mondiale, mais Marc Dugain a choisi un angle de vue plus inhabituel pour nous en parler.

Nous sommes en 1945, c'est la fin de la guerre, l'Allemagne est envahie par les alliés. Une troupe de militaires français arrive dans une petite ville du sud de l'Allemagne. Là, les militaires ne découvrent pas de traces évidentes de l'horreur de la guerre, pas de juifs, de tsiganes, de résistants arrêtés et torturés, pas de camps de concentration. Les soldats trouvent uniquement une jeune fille qui vit seule et recluse dans une ferme isolée. Le capitaine s'interroge et veut savoir toute l'histoire de cette adolescente dont la position sociale du père est anachronique avec sa situation actuelle. La disparition mystérieuse de la mère de l'adolescente va porter les soupçons sur une étrange maison de repos qui surplombe la ville. L'enquête va mettre en relief la vie de ces deux femmes et les abus de pouvoir dont elles ont été victimes. En nous dressant le portrait de ces deux allemandes dans le silence oppressant de toute une ville, c'est une autre particularité de l'horreur du régime nazi que Marc Dugain a choisi de raconter : le génocide des malades mentaux.

J'ai vraiment aimé ce roman, et j'ai beaucoup apprécié le style de cet écrivain. Marc Dugain dévoile cette histoire avec beaucoup de finesse et de sobriété mais aussi de précision sur cette page d'histoire très peu citée dans les études sur la 2ème guerre mondiale. « L'insomnie des étoiles » est le 7ème roman de cet auteur, et j'ai vraiment envie de découvrir ses autres livres.

Marc Dugain est aussi cinéaste et a réalisé un film tiré de son livre : une exécution ordinaire.

Marc Dugain a écrit 7 romans, tous parus en édition de poche :


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Jours sans faim

Publié le par Nina

Jours sans faim

Edition J'ai lu : 2008 / / 124 pages

 

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C'est sous le pseudonyme de Lou Delvig que Delphine de Vigan signe son premier roman en 2001. Ce récit est d'inspiration autobiographique. Sous les  traits de  Laure,  jeune fille anorexique de 19 ans,  l'écrivaine raconte son long calvaire pour vaincre son anorexie.

Il est intéressant de voir comment ce premier roman s'emboite parfaitement avec le dernier : Rien ne s'oppose à la nuit. Ce premier livre explique en détail, les conséquences de ce qui est évoqué dans son dernier roman  : les problèmes familiaux, une mère incapable de s'occuper de ses enfants, qui sont livrés à eux-mêmes et souffrent  de carences affectives.

Quand Laure arrive à l’hôpital, elle est en phase terminale de la maladie. Son  cas est extrêmement grave, son corps est  squelettique. Laure raconte la rencontre avec son docteur qui va être déterminante pour mener son combat contre la maladie et reprendre la vingtaine de kilos qui lui manquent pour retrouver une silhouette normale. L'anorexie est une maladie complexe que l'on ne peut pas guérir avec des médicaments, Laure doit lutter en permanence pour ne pas se laisser gagner par ce besoin euphorique de contrôler son corps,  de ne pas reprendre du poids. Une équipe médicale est là pour accompagner les malades. Laure a  une relation privilégiée avec son docteur, qui a réussi à obtenir une bonne communication avec sa jeune patiente. Il va peu à peu lui faire comprendre que c'est elle qui dirige son destin, qui doit trouver la force de guérir pour reprendre une vie normale.

Avec ce roman, on vit la maladie de l'intérieur et on peut se rendre compte de toute la complexité de ce processus qui fait qu'un jour, notre vie ne tient plus qu'à un fil, que tout notre corps nous fait souffrir et que l'on a froid en permanence.

Pourquoi Laure refuse-t-elle de s'alimenter ? Pourquoi dans les chambres voisines, des malades comme elle se battent pour s'alimenter, ou au contraire pour moins manger ?

Il y a multiples facteurs déclencheurs de l'anorexie et de la boulimie, mais même si il y a maintenant de nombreuses thérapies qui proposent des solutions pour en guérir, de nombreux malades en meurt chaque année.  

 

Quelques statistiques sur l'anorexie: (source Internet)

  • 1,5 % de la population féminine serait touchée par ces phénomènes en France.

  • 7 à 19 % des étudiantes entre 18 et 22 ans sont atteintes de boulimie aux USA.

  • 11 ans correspond à l'âge où un(e) adolescent(e) peut être touché(e) par l'anorexie en perdant jusqu'à 30 % de son poids.

  • L'anorexie touche une adolescente sur 2 400 ; 9 filles pour 1 garçon.

  • 4 % des anorexiques meurent chaque année.

  • 10 à 15 % des anorexiques sont menacés de mort.

On peut lire aussi pour voir l'évolution de la prise en compte de cette maladie : le pavillon des enfants fous.

Il n'y a pas si longtemps, on classait l'anorexie dans les maladies mentales. On internait les enfants dans les services pour malades mentaux. Cette  histoire d'adolescente anorexique racontée dans ce livre vous glace le sang.....

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Rien ne s'oppose à la nuit

Publié le par Nina

Rien ne s'oppose à la nuit

coeur_72.gif                                                         Edition Jean Claude Lattès : 2011

 

Delphine de Vigan est issue d’une grande famille à la française, ce lieu « privilégié » où l’on grandit, protégé par ses parents et entouré de ses frères et sœurs. L’enfance construit notre vie d’adulte, forge notre personnalité, notre caractère. Mais que se passe-t-il quand l’enfant devenu adulte « dérape » et ne peut plus avancer sur le chemin de sa vie ?

Delphine de Vigan a fait une anorexie à 19 ans, qu’elle raconte dans son premier roman « jours sans faim ». Sa mère se suicide au moment de la  parution de son livre « les heures souterraines », beaucoup d'autres souffrances comme celles-ci  jalonnent son histoire familiale.

Delphine de Vigan a écrit ce livre pour exorcicer ce passé douloureux. Ce livre essaie de répondre à une question  essentielle : notre inconscient recueille t-il les névroses des générations passées ?

Que s’est-il passé, en raison de quel désordre, de quel poison silencieux ? La mort des enfants suffit-elle à expliquer la faille, les failles ? Car les années qui ont suivi ne peuvent se raconter sans les mots drame, alcool, folie, suicide, qui composent notre lexique familial au même titre que les mots fête, grand écart et ski nautique. (Extrait de la page 179)

Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la psycho-généalogie ni aux phénomènes de répétition transmis d’une génération à une autre qui passionnent certains de mes amis. J’ignore comment ces choses (l’inceste, les enfants morts, le suicide, la folie) se transmettent.

Le fait est qu’elles traversent les familles de part en part, comme d’impitoyables malédictions, laissent des empreintes qui résistent au temps et au déni. (Extrait de la page 283)

Delphine de Vigan veut comprendre quel est le rôle de sa famille dans ce mal-être et décide pour cela de franchir les murs de l’intimité familiale. Elle va gratter le vernis, secouer les mémoires endormies et découvrir peu à peu l’espace secret qui renferme les non-dits enterrés là depuis plusieurs générations.

Cette histoire est-elle commune à toutes nos familles ? Pour ma part, j'ai retrouvé dans ce livre certains traits, des similitudes avec ma propre famille. En effet, la cellule familiale dans les années 60/70 fonctionnait selon des codes bien définis. Les rôles sociaux du père et de la mère, l'éducation des enfants et la communication entre les différents membres étaient complètement différents de nos modèles familiaux actuels. 

Avec beaucoup de respect et de finesse, Delphine de Vigan écorche "la sacro-sainte" famille, et lève le voile sur l'image idyllique du bonheur familial.

En lisant ce livre, on ressent ô combien Delphine de Vigan a dû réfléchir, choisir chaque mot, chaque phrase, chaque réflexion avant de l'écrire. Le sujet est audacieux et dangereux mais grâce à ses talents d'écrivain, Delphine de Vigan nous offre là,  un roman rare et précieux. 

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Château en Suède

Publié le par Nina

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Pièce de théâtre éditée chez Julliard : 2008 / 94 pages

 

Cet été, j'ai regardé sur Arte le téléfilm "Château en Suède" de Josée Dayan tirée de la 1ère pièce de Théâtre écrite par Françoise Sagan en 1960. La bande annonce et la distribution de ce film m'ont vraiment tentée : 

Jeanne Moreau (Agathe Falsen), Guillaume Depardieu (Sébastien), Géraldine Pailhas (Eléonore), Aymeric Demarigny (Frédéric), Marine Delterme (Ophélie), Normand d'Amour (Hugo Falsen), Sébastien Huberdeau (Olivier), Guillaume Cyr

Musique : Frédéric Botto.

Le sujet  : Un château isolé par la neige qui abrite une étrange famille "les Falsen" va être le décor d'une macabre mise en scène. Frédéric, l'étudiant qui fait une étude sur un membre de la  famille Falsen est obligé de rester dans le château plusieurs mois. Il n'est pas parti à temps et la neige va bloquer les routes tout l'hiver. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'il va être la victime d'un étrange scénario qui se renouvèle chaque année.

Les acteurs sont tous excellents mais les personnalités de Guillaume Dépardieu dans le rôle du frère incestueux, parasite et débauché et de Jeanne Moreau en vieille folle gardienne d'un patrimoine familial obscur sont sublimes. Pourtant le scénario s'enlise par manque de construction logique, je n'ai pas compris le but de cette macabre machination ?

Déçue, j'ai lu la pièce de théâtre car je pensais que le film n'avait pas su rendre la pièce dans son intégrité. 

La pièce de théâtre est en quatre actes, les éditions Julliard l'ont rééditée avec beaucoup de soin, elle se lit avec facilité. Les explications des différentes scènes et décors sont claires et précises. Pourtant  j'ai ressenti les mêmes faiblesses dans le scénario. Avec ce huis clos dans ce château bloqué par la neige, Françoise Sagan a merveilleusement réussi la mise en scène de sa pièce de théâtre mais malheureusement il y a un manque certain dans la logique des évènements, l'histoire s'enlise par manque de cohérence.

Si vous avez regardé, lu et  mieux compris que moi cette pièce de théâtre, n'hésitez pas à me laisser vos explications dans les commentaires.

J'ai lu quelques critiques sur le net qui me confortent dans mes impressions....

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Ce film est le dernier tourné par Guillaume Dépardieu.

 

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