Le jour où Nina Simone a cessé de chanté

Darina Al-Joundi et Mohamed Kacimi
Actes Sud - 2007
La 4ème de couverture de ce livre commence par une question : Quel est le prix de la liberté ? Liberté sexuelle, amoureuse, politique, sociale ou religieuse.
En juin 2006 Mohamed Kacimi organise une manifestation autour de Beyrouth dans un théâtre parisien. C’est à une de ces représentations qu’il rencontre Darina al-Joundi venue lui remettre un manuscrit.
La lecture de ces écrits est un bouleversement pour Mohamed Kacimi « C’était une lettre ouverte à son père, qui avait rêvé pour sa fille la plus grande des libertés et qui allait justement, à cause de cette liberté, connaître
la pire des servitudes. » (Extrait de l’avant propos p.5)
De cette rencontre est née une pièce de théâtre qui fut jouée pendant le festival d’ Avignon de 2007 et c’est Darina al-Joundi qui a interprété son propre rôle, elle est comédienne mais n’avait jamais joué en France. « Toute la presse nationale a parlé de sa performance. Laure Adler et Fabienne Pascaud diront d’elle qu’elle a été la révélation du festival 2007 »
(Extrait de l’avant propos p.7)
Le livre « Le jour ou Nina Simone a cessé de chanter » et la suite de cette aventure. Sous la plume de Mohamed Kacimi, Darina al-Joundi a confié l’histoire de sa vie au Liban, ce pays démolit par la guerre civile et qui fait de la vie des femmes un enfer.
Dans cette fiction où tout est vrai Darina al-Joundi raconte sa vie de femme libre grâce à l’éducation que son père lui a donnée. En effet, ce père journaliste et écrivain est profondément moderne, il est contre toute forme d’intégrisme et préfère écouter "Nina Simone" plutôt que les discours religieux, cette personnalité originale et joyeuse rend ce personnage vraiment attachant. Mais le Liban est un pays déchiré par la guerre civile et la montée de l’intégrisme. Darina al-Joundi est comme son père, elle va vivre à l’excès tout ce qui est interdit, par opposition aux lois instaurées contre les femmes. A la mort de son père, Darina al-Joundi va payer très durement sa façon de vivre. C’est avec étonnement que l’on va découvrir que c’est sa mère qui va mettre fin d’une façon brutale à son insoumission.
Cette histoire m’a fait penser à un autre destin tragique, celui de Camille Claudel. Cette femme a voulu vivre pleinement sa passion pour la sculpture et aimer un homme sans être marié, mais au siècle dernier ce n’était pas envisageable. A la mort de son père qui la soutenait, Camille Claudel fut enfermée dans un hôpital psychiatrique jusqu'à sa mort par sa mère qui ne supportait pas sa fille rebelle.
Ce récit est bouleversant, et les situations décrites sont révoltantes. Un livre à
lire, à donner, à offrir pour ne pas oublier qu’il faut toujours veiller sur nos libertés chèrement acquises.
Un autre avis intéressant celui de mille et un livre le
blog de la littérature orientale, et puis aussi celui de Malice