Les amants de la mer rouge
Edition Flammarion : 2009 - 310 pages
Ce roman commence un peu comme le film « Pars, vis et deviens ». Le héros du livre, Nasser, vit dans un camp de réfugiés avec sa mère et son petit frère au Soudan dans le village d’Erythrée. Les conditions inhumaines de leur vie font que la mère décide de confier ses enfants à leur oncle qui vit à Djeddah en Arabie Saoudite.
Cette mère espère une vie meilleure pour ses enfants mais Nasser restera à jamais déchiré par cette décision. Il lui faudra de plus s’intégrer à ce pays où règne une dictature religieuse, et où les immigrés payent très chers leur permis de séjour. L’oncle de Nasser est un homme sans scrupule qui enverra le petit Nasser comme paiement en nature à l’homme qui renouvelle les visas. Peu à peu au fil des pages avec Nasser comme témoin et guide, on découvre un pays en proie à la terreur grâce à une police religieuse qui surveille, arrête, et condamne sur la place publique tous les « mauvais musulmans ». Ce pays voile et enferme les femmes, exploite la pauvreté, encourage la délation, l’hypocrisie, le chantage, ferme les yeux sur différents trafics, sur une prostitution enfantine et une « homosexualité de compensation » qui est une forme de sexualité vécue avant le mariage puisque les femmes sont inaccessibles. Un véritable cauchemar au quotidien ! Alors comment vivre une histoire d’amour dans un pays comme celui-ci ? Nasser nous dévoile toutes les astuces qu’il a imaginées pour rencontrer Fiore. Par exemple, comme leur histoire d’amour était rigoureusement interdite, pour communiquer entre eux dans la rue, Nasser qui ne pouvait reconnaitre Fiore, puisque les femmes en Arabie saoudite sont vêtues d’une « Abaya » qui est une longue et ample robe noire, et bien la jeune femme portait tout simplement une paire de chaussures roses. Une chance que cette petite touche de couleur était apparemment permise !
Ce livre est un premier roman, ce qui explique peut-être que le style n’est pas encore très affirmé, il y a aussi au début beaucoup de longueurs qui m’ont un peu ennuyée, mais peu à peu le texte prend de l’ampleur, les personnages deviennent très attachants et ces destins, brisés par la folie des intégristes, bouleversants. Je suis donc allée jusqu’au bout de ma lecture avec plaisir.
Cette histoire est peut-être en partie celle de l’auteur car on peut lire en
4ème de couverture un peu de sa biographie. J’espère qu’il y aura une suite à ce roman, parce que ces deux amants n’ont malheureusement
pas droit à une fin très happy-end.
Femme en "Abaya"
Ce roman m'a été offert par Chez les filles que je remercie ainsi que les éditions Flammarion.
D'autres avis : Sylire , Keisha