Cour Nord
Edition du Rouergue : collection La Brune
136 pages - 2010
Ce roman s’ouvre sur un décor sombre. Une ville du nord détrempée par la pluie, un père et son fils se rendent comme chaque matin à leur usine. Un quotidien banal qui prendra fin bientôt. Les ouvriers sont en grève, l’usine est menacée de fermeture.
Le père est un leader syndical de grande renommée. Il a fait de la lutte pour les revendications salariales le combat de sa vie. Mais cette fois-ci la cause semble perdue et il décide d’engager une lutte ultime en commençant une grève de la faim. Son fils Léo est au coté de son père, mais son esprit est ailleurs. Il comprend et respecte cette vie attachée aux valeurs du travail mais lui ne veut pas de cette existence là. Léo a une passion pour la musique, sorti de l’usine, il ne pense qu’à rejoindre son groupe de jazz monté avec quelques copains.
Ce roman nous décrit avec beaucoup de délicatesse et de sobriété les différentes réactions face à ce drame social. Difficile pour Léo d'avouer son indifférence au noble combat syndical de son père alors que lui son unique but est de faire de la musique. Insupportable pour Hamed, le travailleur immigré, qui devient peu à peu le bouc émissaire d'un monde qui s’effondre. Pour d’autres cette fin va peut-être permettre le début d’une autre vie, qu’ils imaginent déjà plus enrichissante. Ce roman aborde aussi avec beaucoup de finesse, la relation entre les enfants et leurs parents. Comment faire admettre sa différence, vivre sa vie autrement que celle de ses parents sans les heurter, les blesser.
Mon avis : Antoine Choplin est un écrivain discret, on parle très peu de lui. Il a écrit 10 romans dont l’excellent « Radeau » que j’ai personnellement adoré. Avec Cour Nord, j’ai retrouvé le même plaisir de lecture, la belle écriture très maitrisée d’Antoine Choplin, son style sobre et ses personnages prêts à combattre, à lutter pour leur existence et leurs idées.