Une femme à Berlin

Publié le par Nina

Une femme à Berlin         Anonyme

Journal 20 avril - 22 juin 1945

 

Le livre est présenté par Hans Magnus Enzensberger, il consacre  les premières pages à  l'histoire particulière de ce livre.

On peut lire en présentation que ces écrits  n'étaient pas destinés à une  éventuelle publication.

 " Les "griffonnages personnels qu'elle consigna entre avril et juin 1945 dans trois cahiers d'écolier (plus quelques feuillets insérés à la hâte) lui serviront avant tout à préserver un restant de santé mentale au milieu des ruines et de l'effondrement moral. Ce sont littéralement des carnets de sous-sols, écrits dans des abris antiaériens qui offraient aussi une certaine protection contre les tirs d'artillerie, les pillages et les abus sexuels commis par les vainqueurs de l'armée rouge."

Tout ce que l'auteur avait sous la main, c'était un bout de crayon, et elle devait écrire à la lueur d'une bougie.....

"Hans Magnus Enensberger"  est responsable de la réédition de ce livre qui est resté dans l'oubli plus de quarante ans a tout naturellement respecté la volonté d'anonymat exprimée par l'auteur. Un journaliste du nom de "Marek " a réussi à le faire publier en 1954 chez un éditeur américain Ainsi " Woman in Berlin" parut-il pour la première fois dans une version anglaise, puis succéderont des traductions norvégienne, italienne, danoise, japonaise, espagnole, française et finnoise.

Il a fallu 5 autres années pour que l'original allemand voit le jour. De toute évidence , le public allemand n'était pas préparé à accepter le récit de faits aussi dérangeants.... (selon les estimations disponibles, plus de cent milles berlinoises furent victimes de viols en cette fin de guerre)  Les vainqueurs russes s'emparaient de ces femmes comme des butins de guerre.....

L'auteur de ce livre était une journaliste chevronnée, et sa position politique fut un facteur aggravant :

"sans s'apitoyer sur elle-même, elle observe froidement le comportement de ses compatroites avant et après la chute du régime, et inflige un cinglant camouflet à l'autocompassion et à l'amnésie de l'après-guerre. Il n'est donc pas étonnant que le livre n'ait rencontré que silence et hostilité".

Pour cette réédition il a fallu attendre les consignes de "l'anonyme" qui ne souhaitait pas rééditer ce livre en Allemagne tant qu'elle était en vie, réaction bien compréhensible étant donnée le sort funeste qui avait été réservé à l'ouvrage en 1957.

En 2001 "l'anonyme" est décédée, son livre pouvait reparaître après avoir été oublié pendant 40 ans.

Si vous voulez d'autres informations, regardez le blog de "Sérialecteur"   dans mes  liens.

Son  livre est un hommage à toutes les femmes victimes des atrocités de la guerre.

Publié dans Littérature allemande

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D
Je l'ai commencé mais pas fini. C'est surtout ce qui est sous-entendu qui est terrible. Témoignage édifiant et terrifiant.
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N
C'est vraiment un livre terrifiant en effet et quel courage de l'avoir écrit....
F
Son récit me fait penser au roman autobiographique de la "Suite Française" d'Irène Némirowsky qui a été publié très récemment, je ne sais pas si tu l'as lu, mais elle aussi tenait un journal et racontait tout ce qu'elle vivait, tout ce qu'elle voyait, c'est un témoignage bouleversant !
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M
Ton article me file des frissons, malheureusement les choses n'ont guère évolué. Dans les Balkans,en Tchétchénie, en Afrique etc...les années et les guerres passent, et les mêmes rituels se répètent.
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N
Oui et c'est pour ça que je lis ce livre, les analyses, les réflexions  de cette femme sur les évènements qu'elle est en train de vivre filent vraiment les frissons et elle a eu raison de rester anonyme,  elle a laissé son journal comme seul  témoin de l'horreur qu'elle et ses compatriotes ont vécu, Cette discrétion me plait car face au déballage que l'on nous impose sans aucune pudeur un peu partout dans les médias, ce livre est aussi une véritable leçon de respect.
M
Passionnant.Quel force dans la narration de ces moments tragiques !
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B
Un livre pas facile  on dirait ! Mais je le note dans mon petit carnet !
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