Sukkwan island
Edition : Gallmeister : 2010 / 191 pages
Prix Fémina étranger 2010
Mais que d'éloges sur ce roman, j'avoue que cet enthousiasme me laisse vraiment perplexe !
Je n'ai pas du tout partagé cet engouement, ce roman est certes bien écrit et sa trame est intéressante, mais pour moi c'est tout !
Je suis pratiquement certaine que cette histoire pourrait faire un bon film, parce que ce roman est écrit un peu à la façon d'un thriller, les éléments se mettent en place peu à peu pour créer une atmosphère angoissante. Le récit est court, l'écriture est précise et très imagée pour nous donner un maximum de renseignements sur le décor, l'ambiance et les personnages.
Alors que se passe t-il dans ce roman de tellement extraordinaire ?
Si on retire les belles pages qui racontent le décor splendide de cette île perdue en Alaska, les conditions de vie rudimentaire, les différentes travaux pour préparer l'hiver, il reste le huit clos entre un père et son fils qui ont décidé de vivre en quasi-autarcie sur cette île.
Au début, J'ai trouvé ce huit clos fascinant, surtout que l'on comprend vite que le père ne va pas très bien, même pas bien du tout. On sait qu'il est venu sur cette île pour redonner un sens à sa vie et renouer avec son fils dont il s'est éloigné depuis son divorce. On apprend un autre fait intéressant, cet adolescent n'avait pas envie de cette expérience qui est le projet de son père mais pas le sien. C'est la culpabilité, la peur de décevoir ses parents qui l'ont obligé à dire oui. Au rythme des jours qui passent, l'enfant comprend peu à peu ce que son père attend de sa présence, il a la lourde tâche d'aider son père à se reconstruire et à retrouver un certain équilibre de vie, et de ça il ne veut vraiment pas. On connait "le bébé médicament" mais dans ce cas là c'est "l'ado psy" qui doit écouter son père et subir ses névroses.
Ce rêve de liberté ne peut que virer au cauchemar puisque la situation initiale est faussée. la relation père-fils devient difficile, la tension monte, on sait qu'un drame va se jouer, chaque page nous entraîne un peu plus loin dans la violence et la folie. J'avoue que là j'ai été presque conquise et puis à la moitié du livre tout se dégonfle à la vitesse d'un ballon de baudruche, et c'est le drame tant attendu ! C'est tellement incroyable que j'ai même hésité à continuer puisque la fin devient complètement prévisible. De plus, les quelques 100 pages restantes sont laborieuses, l'histoire perd peu à peu de sa consistance, elle s'enlise dans le morbide et le glauque pour s'éteindre lamentablement.
J'ai aimé les thèmes abordés dans la première partie du roman : la complexité des relations familiales, le regard et les réflexions de l'adolescent sur sa famille et son sentiment de s'être fait manipuler, les interrogations de ce père en proie à un véritable mal-être, mais aussi le thème de l'île comme support à un retour au source. Tous ces éléments sont restés en surface, l'auteur soulève des problèmes et des interrogations mais ne les exploitera pas, et c'est bien dommage.
J'ai pris le temps de me promener sur le net, me voilà rassurée, il n'y a pas que de bonnes critiques, et celle de noirs desseins m'a beaucoup plu.