Mauvaise pente
Keith Ridgway
Edition 10-18 : domaine étranger -2009/376 pages
Ce roman raconte le cri de douleur silencieux de Grace, une femme murée dans une effroyable solitude, remplie uniquement de la violence et de l'indifférence de son mari.
Comment se laisse t-on glisser sur la mauvaise pente ? Comment passe t-on à l'acte ? Comment devient-on une femme traquée par ses souvenirs et fermée au monde extérieur ?
Pourtant l'histoire de ce couple a commencé d'une façon un peu romanesque, car malgré les injonctions de son père qui ne voulait pas que sa fille épouse un irlandais, Grace décide de devenir Mme Quinn, de quitter son pays et de ne plus revoir sa famille. Grace avait semble t-il son destin en main.
Le déclencheur de cette lente descente aux enfers est peut-être dû à la mort du premier enfant du couple avec cette affreuse culpabilité qui s'installe et le gangrène peu à peu. La suite est malheureusement banale : le couple ne se parle plus, le mari sombre dans l’alcoolisme, devient violent........Après le départ de son deuxième fils qui s'enfuit à Dublin après avoir avoué son homosexualité à son père, Grace s'enferme encore plus dans la solitude.
Un soir que les coups ont été plus violents que d'habitude, Grace décide de tuer son mari. Avait-elle une autre solution que le meurtre pour le fuir ? Cette histoire se passe dans les années 90. A l'époque, le contexte social en Irlande ne donne pas la parole aux femmes. L'auteur l'explique en intégrant à son roman, un drame humain de la plus haute importance qui secoue tout le pays : l’histoire réelle de X*** , une jeune fille irlandaise âgée de 14 ans à qui ont refuse l’autorisation de sortir du territoire pour se faire avorter alors qu’elle a été victime d'un viol, car l'avortement est interdit dans le pays.
A la fin du livre on peut lire ceci :
« L’ordonnance lui fut accordée le lundi 17 février 1992 par Mr Costello, juge au tribunal de grande instance. L’arrêt interdisait à X*** de procédé à une interruption de sa grossesse par quelque moyen que ce fût, à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières de son pays. Il était assorti d’une assignation à résidence de neuf mois pour X*** et ses parents.
La manifestation qui se déroule à la fin de l’ouvrage a eu lieu le samedi 22 février 1992 ; il y en eut beaucoup d’autres tant en Irlande qu’à l’étranger. L’ordonnance fut levée quatre jours plus tard, le mercredi 26 février.
Je ne raconte pas la fin de ce livre qui aborde le problème de la violence et de la difficulté d'en parler avec beaucoup de finesse et de réalisme. Ce livre est remarquablement bien écrit dans un style clair et précis. J'ai beaucoup aimé les différents caractères et personnalités des personnages de ce roman qui permettent d'aborder différents points de vues et analyses de ce drame. J'ai aimé l'héroïne Grace, c'est un beau portrait de femme forte et courageuse, mais faible devant la toute puissance de son mari........
Martin Provost a adapté ce roman en film, pour interpréter le rôle de Grace, il a eu raison de choisir :
Yolande Moreau.