Le cuisinier
Edition Christian Bourgois / 2010 : 343 pages
Ce roman est un véritable délice de mots qui se mélangent, s'harmonisent les uns avec les autres pour nous offrir des pages de délicieuses préparations culinaires aux senteurs et aux goûts complexes, inconnus et bien étranges à nos papilles occidentales.
Maravan est Tamoul, il a fui le Sri Lanka pour la suisse allemande. Avec ses compatriotes réfugiés comme lui, il vit la difficile existence des sans - papiers. Pour survivre, Maravan travaille comme commis dans un restaurant gastronomique. Les cuisiniers ont bien remarqué avec quelle habileté, Maravan coupe les légumes et manie tous les instruments professionnels, quand ils lui demandent de les aider, mais ça ne les empêchent pas de le traiter sans aucune considération. Pourtant, Ils seraient étonnés de voir Maravan une fois rentré chez lui s'adonner à sa passion, la cuisine. En effet, depuis sa petite enfance Maravan a été formé à l'art culinaire de son pays. Il est maintenant un véritable maître de la cuisine ayurvédique, qu'il veut adapter en parfait alchimiste à la cuisine moléculaire.
Andréa qui est serveuse dans le restaurant où il travaille, va s'apercevoir à ses dépens des incroyables connaissances culinaires de Maravan qui excelle dans le mariage des aliments et des épices au point de faire des recettes aphrodisiaques qui fonctionnent à la perfection. Andréa a l'idée de créer avec lui un concept un peu particulier : le love food qui va proposer des love dinners, une nouvelle forme de thérapie pour des couples en mal de libido.
Les règles du love food sont strictes. L’éducation religieuse de Maravan n’autorise pas de faire commerce du sexe. Pourtant le love food attise les convoitises et Maravan va se retrouver malgré lui dans un cercle infernal qui tourne autour du pouvoir, de l’argent et du sexe dans un monde où les intérêts politiques et financiers passent avant la lutte pour la paix. Les problèmes politiques au Sri Lanka permettent de gagner des sommes considérables à des hommes dont le seul but est de gagner de l’argent, malgré la crise économique qui s’est abattu sur le monde entier. De plus, Maravan est consterné par la violence de ces hommes qui sont capables d’envoyer des enfants au combat. Mais comment lutter contre cette puissance abominable ?
Un cuisinier qui maîtrise l’art culinaire peut élaborer des recettes pour nourrir, pour guérir, pour aimer mais aussi…. pour tuer. C’est le terrible constat que l’on peut faire en lisant ce livre.
Ce roman est un magnifique hommage à l'art culinaire orientale. Il nous donne envie de gouter les recettes dont on peut suivre l'élaboration page après page, mais c'est aussi un roman qui nous fait connaître la diaspora tamoule dont on parle très peu, et les problèmes des réfugiés Sri lankais.
Si ça vous tente,
voici un extrait d'un menu proposé par Maravan
les recettes sont à la fin du livre.
Le love menu
Mini-chappatis à l'essence de feuilles de curry,
de cannelle et d'hule de coco.
Cordons de haricots urad en deux consistances.
Ladies'-fingers-curry sur riz sali à la mousse d'ail
Curry de jeunes poulets sur sashtika
et sa mousse à la coriandre
Churaa varai sur son riz nivara à la mousse de menthe
Espuma gelé au safran et à la menthe,
avec ses terstures au safran
Petites chattes au poivre glacé, aux pois chiches et au gingembre
Phallus gelés au ghee et aux asperges
Esquimau au ghee de miel et de réglisse au safran et à la menthe.
Bon appétit !