L'écume des jours
Union Générale d'Editions : collection 10/18 -190 pages, 1980
Ce roman écrit en 1946 commence par une très belle description à l’aide de métaphores élaborées et judicieuses d’un des personnages du roman « Colin » qui est en train de faire sa toilette. Chaque mot, chaque phrase nous révèle les talents d’écrivain de Boris Vian, on pense s’installer dans un roman à l’écriture délicate et soignée mais très vite une phrase surprend, on la lit, on la relit !! « Quelques comédons saillaient aux alentours des ailes du nez. En se voyant si laids dans le miroir grossissant, ils rentrèrent prestement sous la peau et, satisfait, Colin éteignit la lampe » Boris Vian nous donne le ton de son roman très rapidement, il nous emmène dans un univers absurde et loufoque pour nous raconter l’histoire de Colin jeune homme riche et sans problème qui cherche l’amour. Ce roman est criblé de références culturelles, littéraires et musicales, certaines sont cachées sous forme de jeux de mots comme Jean-Sol Partre, Boris Vian passionné de jazz égrène au fil des pages sa passion pour cette musique, il n’y a plus qu’à noter et à écouter !! Mais il y a aussi ses convictions politiques qu’il nous livre en faisant par exemple de Chick l’ami de Colin un ingénieur qui gagnent moins que ses ouvriers ! Boris Vian a un univers imaginaire incroyablement riche qui lui permet de décrire le monde sans employer les mots de la réalité, comme de dire que c’est un nénuphar qui se loge peu à peu dans le poumon de Chloé la femme de Colin, et c’est cette fleur qui va donner fin à leur histoire d’amour, et l’envie de se suicider quand la vie devient insupportable est rendue par une souris qui vient se loger dans la gueule d’un chat.
Dans ce roman les mots sont triturés, les expressions renversées, dans le monde de Boris Vian on peut trouver un homme à tête de pigeon, de l’engrais qui fait repousser le cuir, un « varlet » nettoyeur, Partre a écrit « le paradoxe sur le dégueulis ». L’humour est à chaque page mais Boris Vian en profite aussi pour faire une critique politico-sociale plutôt grinçante de son époque mais qui pourrait bien convenir à notre monde actuel !
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman, je le conseille vraiment à tous ceux
qui aiment l’humour, les jeux de mots, les contrepétries, mais surtout la qualité et la maitrise d’une écriture originale qui permet une lecture aisée du monde absurde où nous emmène
Boris Vian.
En 1959, un film est tiré de ce livre, Boris Vian désaprouve cette version et le 23 juin, meurt pendant la projection du film.
Pour avoir d'autres avis et lire d'autres articles sur les romans de Boris Vian le blog de Sylire