Etrangers
Rentrée littéraire 2010 / 268 pages
Ecrivaine anglaise née à Londres, en 1928, subtile observatrice des gens et des situations, Anita Brookner décrit, de manière nostalgique et intimiste, des personnages en demi-teintes, et la manière dont ils ont raté leur vie. Elle enseigne la littérature à l'Université puis l'histoire de l'art.
En 1967, elle fut la première femme à occuper la chaire Slade de l'université de Cambridge, chaire d'enseignement des beaux-arts fondée en 1869 et dont furent notamment titulaires les historiens de l'art Roger Fry en 1933, John Pope-Hennessy en 1964 et Antony Blunt en 1965.
Elle obtint le Booker Prize en 1984 pour Hôtel du lac. Elle a souvent été comparée à Henry James et à Jane Austen. (source Wikipedia)
Je pense avoir lu tous les romans d'Anita Brookner parus en France. Ce sont des roman à l'univers assez indéfinissable. Anita Brookner décrit des personnages à l'apparence calme et dont la vie bourgeoise semble avoir été épargnée par la complexité de la vie. Mais l'argent et la bonne éducation sont-ils des remparts au malheur ? Apparemment non, si on suit les analyses psychologiques très incisives d'Anita Brookner. Derrière ces vies calmes et bien ordonnées, se trament de véritables conflits intérieurs, des envies de vivre ses propres désirs et non pas ceux imposés par le conformisme d'une certaine classe sociale, d'une certaine éducation. Lentement,, avec une écriture très juste, un style qui sait mettre en lumière la part d'ombre de ses personnages, Anita Brookner nous décrit à merveille le conformisme bourgeois en mal de liberté.
Le personnage central "d'Etrangers", Paul Sturgis illustre les thèmes chers à Anita Brookner mais c'est le second roman où elle décrit ainsi la vieillesse comme un poids supplémentaire à des vies solitaires.
Paul Sturgis à 72 ans, sa vie a été conforme à ce qu'en attendaient ses parents. Son père travaillait dans une banque, il a fait de même. Jusqu'à la retraite, sa vie a était ponctuée par son travail à la banque, sa famille, les invitations de ses collègues de bureau. Un quotidien sans histoire, des tâches utiles et rassurantes.
La retraite est un véritable bouleversement pour cet homme qui se retrouve face à lui-même. Les journées sont longues, il faut les remplir mais il n'y a pas que ça, son cerveau aussi s'est vidé de sa substance, de toutes les pensées qui le rattachaient à ses tâches quotidiennes. Paul Sturgis est un homme fortuné et en bonne santé pourtant il est seul. Sa solitude croit de jour en jour. Il repense à sa vie passée, ses occupations professionnelles, ses amours de jeunesse et surtout à Sarah qui n'avait pas voulu se marier avec lui car elle le trouvait trop gentil, trop prévisible. Paul Sturgis fait des efforts et tente de surmonter cette crise existentielle. Il rencontre Vicky sur son chemin, une femme tout juste divorcée en quête d'un emploi et d'un appartement et qui vit en attendant d'expédients. Au début de leur rencontre, cette femme l'amusait, mais son audace à vivre au jour le jour le désoriente complètement, il va la fuir. Il va aussi revoir Sarah, cet ancien amour de jeunesse mais la vieillesse a posé son véto sur une possible aventure. La solitude est un des fléaux de nos sociétés modernes et Paul Sturgis n'a pas fini de réfléchir, de se questionner, de se torturer et de se battre pour exister de nouveau dans le cœur des autres. Mais peut-on changer sa manière de vivre à 72 ans ?
Mon avis : J'ai un peu moins apprécié ce dernier roman, j'ai trouvé qu'il y avait des longueurs, les réflexions de Paul Stugis deviennent à la longue un peu ennuyeuses, même si le thème du roman est lui très intéressant.
Mais j'ai vraiment beaucoup aimé beaucoup d'autres titres d'Anita Brookner dont je présente quelques 1ère de couvertures ici.
Un autre article très intéressant sur ce livre chez Enfin livre