De cape et de larmes
Editions Actes Sud : 1990 / 78 pages
Un texte très court et pourtant d'une incroyable force d'écriture. Toute l'oeuvre de Nina Berberova est imprégnée du sort de son peuple sous le régime communiste. Que ce soit à l'intérieur du pays ou bien dans celui qui va accueillir les exilés russes, ce peuple a vu son avenir s'obscurcir peu à peu.
Sacha la narratrice de cette histoire raconte sa vie avec sa soeur Ariane à St Petersbourg dans les années 20. Le malheur frappe très tôt ces deux jeunes filles. Il y a d'abord la mort de leur mère et ce nouveau régime qui les oblige à vivre dans des conditions sociales très précaires avec un père devenu fou
Ariane veut sortir de cet enfer, elle a besoin de croire que le bonheur existe, veut à tout prix vivre sa vie, elle a des projets artistiques et s'enfuit avec un homme marié, un certain Samoïlov qui se prétend être un futur grand metteur en scène.
A l'inverse de sa soeur, Sacha accepte plus docilement les conditions de cette nouvelle vie. Elle va émigrer avec son père à Paris. Sacha pense que cet exil dans cette ville mythique va lui permettre de tirer un trait à la misère et à l'austérité. Mais la réalité parisienne se conjuguera comme en Russie avec misère et restriction. La vie dans les quartiers pauvres de la capitale avec d'autres russes exilés comme elle ne sera pas source de changement. C'est au milieu de cette population hétéroclite que Sacha va grandir. Partie de Russie à 13 ans, elle en a maintenant 29. Elle n'a jamais repris ses études et travaille dans un pressing. Sa vie n'a guère changé, pour elle. Elle a fui une révolution, pour vivre une guerre puisque le conflit entre la France et l'Allemagne devient une réalité. A la mort de son père, elle est vraiment seule. Un certain Samoïlov demande à la rencontrer. L'ex-compagnon de sa soeur lui raconte ce qui se passe en Russie, la vie dans les camps et la mort de sa soeur.
"De cape et de larmes" raconte les destins brisés par les guerres et les régimes totalitaires.