Dahlia
Roman traduit du japonais par Ryôji Nakamura et René de Ceccatty
Editions Seuil : 132 pages / 2011
Les premières pages de ce livre m'ont beaucoup intriguée, c'est une certaine curiosité littéraire qui m'a donné envie de poursuivre ce roman. La construction de cette histoire n'est pas linéaire. le premier chapitre raconte une histoire qui semble décousue, désarticulée pourtant peu à peu les éléments dispersés se mettent en place pour s'emboîter et donner un ensemble "relativement cohérent". Écrire est un espace de liberté où tout est possible, il n'y a pas de règles établies et c'est ce que ce roman nous propose : raconter une histoire qui bouscule les codes habituels de la narration mais aussi les codes sociaux et moraux d'un pays à l' image plutôt lisse et parfaite.
La ligne directrice de ce roman est très simple, c'est l'histoire d'un intellectuel bourgeois qui décide d'emménager chez son père devenu sénile avec sa femme et ses deux enfants.
L'aïeul vit dans une maison de la banlieue de Tokyo devenue peu à peu un quartier de seconde zone, habité en partie par des immigrés. Deux classes sociales se côtoient, l'une est considérée comme légitime et l'autre composée d'êtres à la peau basanée tout juste tolérés. Le vieillard vit à la lisière des vivants et des morts, il voit des fantômes et revit des scènes de violentes disputes avec sa défunte femme, il semble vouloir se libérer d'un secret. Sa belle fille s'ennuie et fuit le plus possible la maison. C'est en promenant son chien qu'elle va rencontrer l'énigmatique Dahlia, un beau jeune homme à la peau basanée. Dahlia est un être solaire, il va devenir peu à peu le personnage central de cette famille et l'élément déclencheur d'un déséquilibre latent. Dahlia va révéler les fantasmes de chacun et la sexualité va devenir la préoccupation première de cette famille irréprochable. Dahlia semble être à la fois un homme et une femme, mais qui est-t il vraiment : un être démoniaque, une allégorie ou tout simplement la part sombre de l'âme humaine, qui s'oppose à l'image bien lisse que l'on s'oblige à montrer ?
Ce roman aborde d'une façon tout à fait originale des thèmes cruciaux comme la condition féminine, la vie de couple, la sexualité, la vie de famille mais aussi l'étranger et la différence.
J'ai trouvé ce roman effronté ! Hitonari Tsuji a écrit "le Bouddha blanc" un roman apaisant à l'âme spirituel, il fait de "Dalhia" un roman énigmatique à l'âme démoniaque !
Hitonari Tsuji est un écrivain dont le talent littéraire est indéniable. C'est un auteur à découvrir.
J'ai beaucoup aimé la critique de LiVRogne ICI