Chaos sur la toile
écrit par Kristin Marja Baldursdottir édité aux éditions Gaïa /
2011 : 636 pages
traduit de l'islandais par Henry Kiljan Albansson
Suite de : Karitas sans titre, mon article
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Karitas sans titre est un roman de 508 pages et Chaos sur la toile de 636 pages, cela fait donc 1144 pages au total !!
Il est évident que si vous n'aimez pas les sagas nordiques et les pavés, il vaut mieux vous s'abstenir, mais pour les autres, vous pouvez vous plonger sans problème dans cette saga qui est d'une très grande qualité littéraire, même si on peut noter parfois quelques erreurs de traduction.
"Chaos sur la toile" continue de nous conter l'histoire de Karitas et de son combat pour vivre son unique passion : la peinture.
Dans ce deuxième volet, la personnalité de Karitas s'affirme, elle montre sa détermination à gagner son indépendance pour pouvoir vivre enfin de son art. Elle voyage, fait des rencontres artistiques et culturelles. Toutes ces expériences nouvelles, vont affirmer sa personnalité.
Karitas désire s'éloigner de ses obligations familiales pour travailler sa peinture. Elle se heurte aux remarques de son mari qui lui explique que si lui, ses longues absences du foyer sont justifiées par le fait qu'il travaille pour subvenir aux besoins de leur famille, elle ce n'est pas le cas. C'est en analysant les attitudes et les réflexions de son mari et de son entourage que karitas va réfléchir à la différence de comportement des hommes et des femmes dans la vie quotidienne, et de la hiérarchisation des tâches et des métiers. Ce sera son leitmotiv tout au long de ce roman. Par exemple, pourquoi serait-il plus noble de gagner sa vie à l'extérieur de la maison ? Pourquoi le travail domestique est-il déconsidéré et de plus réservé uniquement aux femmes ? Pourquoi les femmes n'ont plus de crédiblilité en dehors de leur maison ?
Le combat de karitas tout au long de ce livre est la revendication du droit de chacun à vivre « sa vie ». Karitas mène une bataille quotidienne contre les mentalités. Mais souvent elle constate que ce sont les femmes qui s'opposent le plus à sa différence. Les femmes sont violentes avec leurs semblables et préfèrent préserver celles qui ne veulent pas sortir des rôles qui leur sont attribués.
Ce roman analyse très finement les comportements humains et dresse un inventaire de tout ce qui emprisonne les hommes et les femmes au quotidien : les préjugés, la jalousie, la peur, l'ignorance, la méchanceté, la lâcheté.....
Karitas a choisi de vivre librement, elle a malgré tout conscience qu'elle ne pourra jamais l'être vraiment parce qu'elle sait l'importance de faire partie d'une famille, de recevoir une éducation et de transmettre des valeurs. Sa personnalité hors du commun permettra aux personnes qui l'entourent de retrouver un équilibre perdu, parce que Karitas tout au long de sa vie à un profond respect pour les autres. Elle ne perdra jamais espoir et continuera de vivre selon ses désirs et sa passion. Elle terminera sa vie libre et en paix avec elle-même à presque cent ans.
Karitas est un très beau portrait d'une femme artiste et profondément féministe.
Cette histoire familiale se situe dans la lignée des sagas nordiques qui présentent des portraits de femmes à la personnalité haute en couleur et au tempérament hors du commun comme dans le roman : Cent ans de Herbjorg Wassmo
Kristín Marja Baldursdóttir est de nationalité islandaise, elle est née en 1949. Elle est l'auteur de 4 romans, d’un recueil de nouvelles et d’une biographie, elle est l’une des grands auteurs
islandais d’aujourd’hui.
Karitas, Sans titre est son premier roman traduit en français.
Extrait d'in interview du 23 novembre 2008
Propos recueillis par Claudine Despax et Aurore Guilhamet
Kristín Marja Baldursdóttir. Femme. Mère. Mais écrivain, artiste avant tout. L’une des rares islandaises à être publiée en France. Et même en Islande.
Son livre Karitas, Sans Titre sert de sonnette d’alarme. L’Islande, autrefois pays précurseur en matière de droit des femmes, est entrain de s’endormir. Et Kristín Marja veut que les Islandaises se réveillent. Avant qu’il ne soit trop tard
Votre livre est un message pour ces femmes ?
Kristín Marja Baldursdóttir : Elles ne sont pas assez indépendantes. Elles l’étaient mais sont restées en arrière. Donc je voulais raconter cette histoire sur une femme qui se bat pour ses rêves. J’ai choisi une artiste parce que j’aime mettre les images en parole. Et parce qu’elle aurait à vivre cette solitude si dure à vivre d’être une artiste dans une société ou les femmes doivent juste être des mères et des femmes au foyer.
Si vous voulez lire en entier cet article très intéressant c'est ICI