Allah n'est pas obligé
Edition Seuil / Collection Point : 2002 - 221 pages
Ce roman a reçu :
Le Prix Renaudot 2000
Le Prix Goncourt des lycéens 2000
Le Prix Amerigo-Vespucci au Festival international de géographie
Les premières pages de ce roman sont surprenantes, on se retrouve en immersion totale dans le continent africain. Le dépaysement est complet. Il faut prendre d'autres repères pour suivre cette histoire. Il y a d'abord le langage parlé, un mélange de français et d'expressions africaines, un style différent de nos codes littéraires habituels, et puis il faut prendre le temps d'écouter cet enfant, le petit Birahima qui avec ses dictionnaires nous raconte sa vie un peu à la manière d' un conte : (...)« Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. (...)
En effet, cette histoire pourrait être un conte africain que le petit Birahima nous livre avec beaucoup d'humour et d'innocence à l'aide de ses dictionnaires. Parce que le monde de ce jeune garçon est rempli de sorciers, de féticheurs, de jeteurs de sorts, d'envoutements, et de croyances en un dieu omniprésent mais faillible !!! « Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ». Mais portant c'est sa "vraie vie" que nous raconte Le petit Birahima qui est un malinké, une ethnie musulmane. Il passe les premières années de sa vie auprès d'une mère infirme amputée de la jambe droite à cause d'un ulcère. Ce mal est la conséquence d'un mauvais sort qu'on lui aurait jeté quand elle était jeune. Ces croyances africaines d'un autre âge sont encore tenaces dans l'Afrique contemporaine mais elles se mêlent à une réalité encore plus cruelle et sans pitié pour la population et surtout pour les enfants comme Birahima devenu orphelin trop vite dans un pays bouleversé par des désordres politiques et socio-économiques extrêmement graves. Birahima comme beaucoup d'enfants de son âge s'est retrouvé avec une arme à la main et il est devenu un « small-soldier».
Ces enfants soldats protégés par des « fétiches », sont à la merci de la folie des adultes qui les exploitent, les droguent, les violent et les assassinent.
« Un roman témoignage », « un docu- roman » qu'importe le nom de ce livre. Il est surtout le témoin silencieux d'une politique coloniale dont on peut mesurer les graves conséquences aujourd'hui.
Un livre pour nous rappeler la guerre et ses horreurs.
Pour lire d'autres témoignages le blog de Sylire et de Lisa : les deux organisatrices de ce blogoclub