Histoire d'une vie
Aharon Appelfeld
Edition de l'olivier - 237 pages
Prix Médicis étranger 2004
Le salon de Livre de Paris donne envie de lire chaque année quelques titres du thème proposé.
C'est Sylire qui m'a donnée envie de lire ce livre.
J’ai trouvé très intéressante la façon dont ce livre est écrit, Aharon Appelfeld nous raconte des fragments de sa vie, non pas dans l’ordre
chronologique d’une biographie mais dans l’ordre où la mémoire lui rend ses
souvenirs.
Ce livre est un témoignage très dur sur la condition des enfants juifs pendant la seconde guerre mondiale.
à Czernowitz en Bucovine (près de la Roumanie), après une enfance choyée dans un milieu lettré, le jeune Aharon Appelfeld va subir le ghetto, l’assassinat de sa mère, la déportation vers les camps, la fuite et la survie dans les forêts puis l’arrivée en Palestine.
Les enfants juifs subissent les pires horreurs dans les ghettos et sur les routes de la déportation. Ils sont la proie des gens malsains, pervers, complètement corrompus par la guerre.
Un exemple : L’enclos « keffer » « c’était l’enclos des chiens-loups utilisés pour monter la garde, la chasse, et principalement la chasse à l’homme. (…) Un jour arriva un convoi dans lequel se trouvaient des petits enfants. Le commandant du camp ordonna de les déshabiller et de les pousser dans l’enclos ; Les enfants furent dévorés, aussitôt apparemment, car nous n’entendîmes pas de cris. »
Mais heureusement on peut lire aussi « J’ai rencontré beaucoup de gens courageux et nobles pendant la guerre ».
Son évasion et ses années d’errance, vont le confronter à la solitude, à la lutte permanente contre la violence qui l’entoure.
Les fragments de bonheur qui surgissent de sa mémoire : le souvenir de ses parents et surtout de sa mère mais aussi son oncle Félix remarquablement bon et intelligent, ses grands-parents juifs pratiquants, contrastent douloureusement avec ces années de solitude et de cauchemars.
L’arrivée et l’installation en Palestine n’ont pas été faciles pour ces enfants traumatisés par la guerre. Peu à peu, avec beaucoup de force et de courage, ils se reconstruisent, apprennent une nouvelle langue « l’hébreu » leur langue maternelle étant interdite. Aharon Appelfeld ne doit plus parler la langue allemande qui était celle de sa mère, une douleur de plus pour lui, qui adorait sa mère.
Aharon Appelfeld a énormément réfléchi à son histoire qui a été rythmée dés l’enfance par l’antisémitisme et la Shoa. Sa force de caractère, ses remarques et ses réflexions donnent à ce livre une dimension philosophique.
J’ai aimé lire : les pages sur la rencontre avec les livres et l’écriture qui ont permis à Aharon Appelfeld de recoller les morceaux de sa vie complètement disloquée par la guerre et de devenir un immense écrivain.
Ce témoignage bouleversant m’a aussi éclairée et fait réfléchir sur les conséquences politiques de la Shoa.
Un livre que je n’oublierai pas et qui me donne envie de lire d’autres titres de cet auteur.