François Villon : le poète sans foi ni loi
Le club de lecture présente
Je, François Villon
Jean Teulé
Edition Julliard 415 pages
Cette biographie est intitulée « roman » sur la 1ère de couverture cette information est importante, elle est là pour nous prévenir que
Jean Teulé a imaginé la vie du poète à défaut d’éléments concrets sur sa vie réelle.
Jean Teulé commence son roman en nous plantant le décor d’un Moyen-âge « coté peuple ». La misère et son cortège d’horreurs y règnent sans partage. Dans Paris, où va déambuler François Villon une seule loi existe : la loi du plus fort sur le plus faible. On suit pas à pas le poète qui est uniquement préoccupé de sa survie et de son plaisir, il recherche et fréquente uniquement les milieux les plus sordides, les repaires de bandits les plus louches de Paris et s’amuse devant le malheur d’autrui. On le verra apprendre le détachement de ceux qui n’ont plus le respect d’eux-mêmes et des autres, comme par exemple quand il va donner en pâture «Isabelle de Bruyère» une jeune fille de la noblesse à une bande d’assassins « les coquillards » ceci uniquement pour faire partie de leur clan. Isabelle aimait le poète, elle finira sa vie en recluse après avoir été abominablement violée et marquée au fer rouge de la fleur de lys, le symbole des prostituées. Chaque page est un pas de plus dans l’abject, la puanteur et l’horreur de ces vies misérables et c’est là que François Villon va puiser peu à peu l’inspiration pour écrire ses poèmes.
J’ai été profondément déçue par le fait que Jean Teulé n’a pas envisagé un brin d’humanité dans le cœur de ce poète. Pourquoi avoir peint un portrait uniquement rempli de violence et de haine ? Dans notre monde moderne, un psy nous donnerait peut-être des explications à partir de l’enfance du poète : un père pendu en place publique, une mère enterrée vivante pour un délit mineure, un père adoptif certes aimant et soucieux de son instruction, mais vivant bien loin des réalités du monde. Beaucoup trop d’injustice et de violence pour croire en une vie meilleure.
Je laisse ce livre avec un certain scepticisme, ce portrait est un peu excessif à mon gout. J’ai du mal à croire que l’on puisse être aussi vil et détaché alors que l’on est un homme lettré et de surcroit un brillant poète. N’ayant pas de
preuves de sa vie, je préfère penser que François Villon avait comme souvent les artistes une certaine sensibilité, et une marginalité qui le
rendaient un peu différent des simples mortels….